BEH (2011) Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en France

Jean‑Louis Terra, Professeur de psychiatrie, Université Claude Bernard Lyon 1, France

BEH  (Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire)- Dossier thématique – Suicide et tentatives de suicide : état des lieux en France (13/12/11)

En France, presque 1 décès sur 50 est un suicide. Survenant dans des souffrances psychiques insoutenables où les troubles mentaux ont une influence majeure, le suicide est classé au sein de la mortalité évitable. Pour lutter contre ce fléau, le ministère de la Santé a annoncé le 10 septembre 2011 un nouveau plan de prévention. Dans ce contexte, ce numéro du BEH est essentiel pour éclairer la situation française actuelle. Y sont rassemblées les dernières données épidémiologiques sur les pensées suicidaires, les tentatives de suicide (TS) et les décès par suicide. Chaque contribution est une pièce de plus au puzzle qui vise à mieux connaître cette catastrophe en miettes et quotidienne. L’Inpes (F. Beck et coll.) nous apporte des données extrêmement détaillées en population générale avec les résultats du Baromètre santé de 2010, enquête de très grande envergure puisque plus de 27 000 personnes ont été interrogées.

(…) Les auteurs évoquent aussi les stratégies préventives, ce qui est une source d’espoir. Au global, ce BEH apporte beaucoup à tous ceux qui militent et œuvrent pour la prévention du suicide. La richesse des données rassemblées donne un bon point de départ épidémiologique au nouveau plan français de prévention, avec l’ambition de passer enfin sous la barre des 10 000 décès annuels.

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AUJARD (2007); « La suicidologie, un outil de gestion du comportement »

Marie-France Aujard, Département de sociologie, Université Laval (Canada); La suicidologie, un outil de gestion du comportement

Résumé
S’appuyant sur des documents sociohistoriques et des rapports technico-administratifs produits par une organisation appelée la suicidologie, l’auteure se propose de montrer ce qu’est aujourd’hui un centre de prévention-modèle québécois et comment se déploie unréseau de connaissances sur la prévention du suicide. Cette démarche débouche sur la découverte de l’accointance d’un mouvement technico-institutionalisé autour de « la santé » avec les organismes transgouvernementaux que sont l’Association internationale de prévention du suicide, l’organisation mondiale de la santé et l’organisation des Nations-Unies dont l’action commune forme un système de prévention. Ce faisant, l’article se termine par quelques considérations sur la nature d’un système de prévention du suicide dont la suicidologie est le promoteur déclaré.

http://www.erudit.org/revue/rs/2007/v48/n3/018008ar.pdf

BOURGOIN Nicolas (1994), Le suicide en prison

Bourgoin (Nicolas) — Le suicide en prison, In: Population, 49e année, n°3, 1994 pp. 806-807.

BOURGOIN (Nicolas), Le suicide en prison. Préface d’Hervé Le Bras, Paris, Editions L’Harmattan, collection Logiques sociales, 1994, 271 p

Le suicide a toujours intrigué. Il est longtemps resté tabou dans nos sociétés. Au début du XIXe siècle, Esquirol, père de la psychiatrie moderne, l’assimilait à la manifestation d’un désordre mental. Bertillon, à partir des Comptes généraux de la Justice criminelle, remarquait qu’en Europe le nombre des suicides variait comme celui des divorces et des séparations de corps. Dès 1835, Quetelet observait que les crimes et les suicides se reproduisaient annuellement dans les mêmes proportions. C’est en partie sur ces statistiques que Durkheim a élaboré sa théorie sur le suicide dans laquelle il rattache ce phénomène à l’anomie, c’est-à-dire à la désorganisation sociale, et à l’égoïsme, compris comme un affaiblissement des valeurs communes et un excès d’individuation. La théorie d’Halbwachs, s’appuyant en partie sur celle de Durkheim, laisse cependant une plus large place aux facteurs psychologiques tout en les inscrivant dans un cadre sociologique.

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Le suicide en prison : mesure, dispositifs de prévention, évaluation (2010)

Le suicide en prison : mesure, dispositifs de prévention, évaluation (Collection Travaux et documents, 2010)

Journée d’étude internationale, Le 22 janvier 2010à l’École nationale de la magistrature, Paris

suicideenprisonLa journée d’étude internationale sur la prévention du suicide en prison organisée à l’École nationale de la magistrature à Paris le 22 janvier 2010 tenait à un constat : la permanence du phénomène suicidaire en prison. Cette actualité tenait aussi à la mobilisation réaffirmée de l’administration pénitentiaire, de ses personnels et partenaires, placés devant ces drames. En effet, à la suite des recommandations du rapport du professeur Jean-Louis Terra en 2003, puis de la commission Albrand en 2009, l’administration pénitentiaire a renforcé ses dispositifs de prévention du suicide en détention. Cette manifestation fut l’occasion de présenter les premiers résultats de ce plan d’actions en cours. Les suicides en milieu carcéral furent resitués dans le cadre plus général de la mortalité par suicide en France ainsi que dans quatre pays européens (Angleterre, Allemagne, Suisse, Espagne). Cette journée fut l’occasion d’un débat serein et constructif sur une question sérieuse souvent abordée de façon polémique.

http://www.justice.gouv.fr/art_pix/Travaux_et_Documents_78.pdf

LA CROIX (9/9/10) Jean-Louis Terra : «On peut tous apprendre les gestes de « secourisme psychique »»

Jean-Louis Terra : «On peut tous apprendre les gestes de « secourisme psychique »»

À l’occasion de la Journée mondiale de prévention du suicide, vendredi 10 septembre, jean-Louis Terra, psychiatre (1), explique que l’on peut prévenir une tentative de suicide

 LA CROIX

 LE SUICIDE PROVOQUE ENVIRON 10 000 DÉCÈS PAR AN EN FRANCE, ET L’ON COMPTE PLUS DE 160 000 TENTATIVES. QUE SAIT-ON DE CE PHÉNOMÈNE ?

Jean-Louis Terra : On parle plutôt aujourd’hui de « crise suicidaire ». Il s’agit d’un processus qui se déroule en plusieurs étapes. Il y a d’abord l’idée de suicide : je pense à me donner la mort, mais j’ai peur de le faire ; puis l’intention : « Je vais trop mal, cela dure depuis trop longtemps, je vais le faire » ; la programmation : comment, où et quand ? Enfin la mise en oeuvre, le « passage à l’acte ».
Cela peut être méthodique, organisé. La personne prévoit de se suicider loin de chez elle afin que personne ne la découvre, range ses placards. Deux questions ralentissent ce processus : comment me donner la mort ? Par quel moyen ? Et comment fermer ma vie ? Mettre de l’argent de côté pour mes proches, écrire une lettre pour essayer de les déculpabiliser…

VOUS TRAVAILLEZ SUR LA PRÉVENTION DU SUICIDE. PEUT-ON VRAIMENT INTERROMPRE LE PROCESSUS QUE VOUS VENEZ DE DÉCRIRE ?

La crise suicidaire, même très avancée, est réversible. Les gens sont ambivalents jusqu’au bout. Certains pendus se sont arraché la peau du cou en essayant d’enlever la corde. Il faut donc dépasser les idées reçues. Le suicide est un trop-plein de souffrance qui ne reçoit pas de réponse.
Les gens ne veulent pas mourir, mais arrêter de souffrir. Le fait d’avoir un moyen accessible de se donner la mort, dormir avec une lame de rasoir dans sa main par exemple, peut calmer. Les personnes qui ont des idées de suicide – environ 5 % – peuvent être arrêtées si elles sont écoutées au bon moment par la bonne personne qui va constituer une bouée de sauvetage. (suite…)

Suicides dans la magistrature (2011) Nouvel Observateur 10-02-201

Nouvel Observateur 10-02-201

justice2Avant de passer à l’acte, il a rédigé un courrier que ses parents ont trouvé dans son appartement sur la table de la salle à manger, sous un large tableau présentant une vue nocturne de la Conciergerie à Paris. Philippe Tran-Van, dont l’écriture était d’ordinaire illisible, avait fait l’effort d’écrire en capitales d’imprimerie pour que tout soit bien clair : « J’ai tout donné à la justice et à la magistrature. J’ai donné le meilleur de moi-même, j’ai sacrifié ma vie de couple qui est une des causes de mon divorce. (…) On dit que je suis incompétent pour gérer mon cabinet alors qu’avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de faire face à la charge de travail. Alors, je préfère en finir car me battre contre ma hiérarchie pour faire valoir mes moyens de défense me semble vain. Personne ne vous félicite quand tout va bien et que vous vous épuisez au travail. (…) J’ai toujours été loyal vis-à-vis de ma hiérarchie et mes précédentes évaluations le démontrent. [On] m’accable de tous ces maux et mes propres collègues ne m’ont soutenu qu’en apparence. Que mes proches et notamment mes enfants me pardonnent ce que je vais faire et la peine que je vais leur causer. Je les aime de tout mon cœur. Pardon. Philippe Tran-Van. »

http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20110210.OBS7772/exclusif-suicides-dans-la-magistrature.html

Boris Cyrulnik (2011) «Le suicide des enfants n’est pas une fatalité»

Interview 20 Minutes  28 septembre 2011.

INTERVIEW – Le psychiatre Boris Cyrulnik rend ce jeudi un rapport sur le suicide des enfants à la Secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab…

Bouleversée par une série de faits divers, la secrétaire d’Etat à la Jeunesse, Jeannette Bougrab, a confié au psychiatre Boris Cyrulnik  en  février dernier une mission sur le suicide des enfants. Avec à la clé, un rapport qui lui sera remis ce jeudi et sera publié le même jour en librairie*.  Pour 20 Minutes, le psychiatre en dévoile les contours.

Votre rapport démontre que les suicides d’enfants sont plus nombreux qu’on ne le croit…
Selon les années, les statistiques officielles dénombrent entre 30 et 40 suicides par an chez les 5-12 ans. Mais il faut ajouter à ce chiffre beaucoup d’autres morts par troubles cognitifs, qui représentent au moins 70 décès par an. L’enfant se donne la mort, sans avoir eu l’intention de mourir. C’est le cas d’un enfant tellement malheureux qu’il va trop se pencher par la fenêtre ou de celui qui va traverser sans faire attention. Beaucoup de ces accidents ne sont en fait pas des accidents.

Quelles sont les causes de ce malheur, qui pousse directement ou indirectement à l’irréparable?
L’enfant souffre car sa famille est détruite à cause de la mort d’un de ses parents, où parce qu’il est témoin de violences conjugales. Autres cas de figure: les enfants qui sont victimes de négligence affective depuis leur naissance ou ceux qui ont été agressés sexuellement.

Vous avez également identifié des facteurs précipitants, de quoi s’agit-il?
Il ne s’agit pas des causes de l’acte, mais des facteurs qui déclenchent le passage à l’acte. Dans 75% des cas, il s’agit d’une dispute dans la famille.

Article complet: http://www.20minutes.fr/