There were an estimated 788 000 suicide deaths worldwide in 2015. This indicates an annual global age-standardized suicide rate of 10.7 per 100 000 population
Le suicide reste un sujet tabou. Pourtant il est partout : au travail, en fin de vie, avec le terrorisme, à l’adolescence, dans l’expérience amoureuse…
Kurt Cobain leader du groupe Nirvana à une séance d’enregistrement à New York, un an avant son suicide.• Crédits : Frank Micelotta Archive – Getty
En vertu de notre partenariat avec Philosophie Magazine qui lui consacre un beau papier : je suis ravie de parler du philosophe anglo-saxon Simon Critchley, et de Lettres de suicide, qui paraît ce jour-même en français, et aux éditions Max Milo. Lettres de suicide, le titre nous met sur la voie : oui, Simon Critchley est un philosophe un peu à part, et en 1er lieu parce qu’il est obsédé par la mort, et puis aussi, par l’humour : déjà son essai L’heure et le jour racontait comment il était tombé par hasard sur des thèmes astraux prédisant la mort d’un certain nombre de philosophes, dont la sienne… Dans ces Lettres, c’est donc encore la mort qui l’intéresse, mais la mort non pas malgré soi, mais décidée : le suicide.
Un atelier d’écriture pour comprendre « la preuve la plus irréfutable »
C’est en mai 2013 que Critchley organise, toujours avec humour, un atelier d’écriture sur la lettre d’adieu, « la preuve la plus irréfutable », nous dit-il, « que nous possédions pour comprendre le suicide et la logique fatale de sa vision étroite et bornée ». Hamlet en est le cas d’école, c’est celui qui rabâche de monologue en monologue sa peine profonde, Hamlet, c’est, je cite, le « puissant mélange de dépression et d’exhibitionnisme ». Mais il y a aussi le cas Kurt Cobain façon déclaration de haine, qui fait d’ailleurs référence au personnage shakespearien : « Comme Hamlet, je dois choisir entre la vie et la mort. Je choisis la mort ». Et puis, il y a aussi les lettres d’anonyme qui expliquent leur suicide en raison d’une situation économique impossible, qui en font des lettres de protestation contre le monde, ou encore, et dans la même veine, les lettres qui font du suicide une vengeance politique ou personnelle.
De Hamlet à Kurt Cobain, comment parler du suicide sans morale ?
Autant de lettres et autant d’explications donc, de raisons pour tenter de comprendre ce qui conduit au suicide, car là est bien la question qui guide Critchley : peut-on parler philosophiquement du suicide comme d’un phénomène comme un autre ? Sans faire intervenir ni le droit ni la morale ? Pourquoi même la philosophie qui nous apprend à mourir condamne-t-elle le suicidaire à être irresponsable ou fautif ? Et si les philosophes eux-mêmes n’étaient pas émancipés de la morale, voilà ce qui apparaît au long de ses pages, des philosophes qui se tiennent toujours au seuil de la pure liberté et ne parviennent pas à passer à l’action, à se décider sans raison.
En France, 200 000 tentatives de suicide donnent lieu à un contact avec le système de soins et près de 10 500 personnes décèdent par suicide , soit près de trois fois plus que par accidents de la circulation chaque année. Ce phénomène, reconnu comme un problème de santé publique depuis la fin des années 1990, a conduit à la mise en place d’une politique spécifique de prévention du suicide.
Le Programme national d’actions 2011-2014 a succédé à la Stratégie nationale d’actions face au suicide 2000-2005 et en 2013, un Observatoire national du suicide (ONS) a été mis en place (décret n° 2013-809 du 9 septembre 2013). La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) en assure le secrétariat et le directeur de la Drees la présidence déléguée.
L’Observatoire est chargé de coordonner et d’améliorer les connaissances sur le suicide, les tentatives de suicide et les moyens d’y faire face, ainsi que de produire des recommandations, notamment en matière de prévention.
Il est composé d’experts, de professionnels de santé, de parlementaires, de représentants d’administrations centrales et de représentants d’associations de familles et d’usagers.
Le premier rapport de l’Observatoire national du suicide a été remis le 2 décembre 2014 à la ministre chargée de la santé. Il constitue un premier état des lieux des connaissances sur le suicide et les tentatives de suicide en France et comporte des premières recommandations qui vont servir à l’élaboration d’un nouveau programme national d’actions contre le suicide.
Le rapport met en évidence des inégalités sociales très marquées : les agriculteurs exploitants sont deux à trois fois plus touchés par le suicide que les cadres ; le suicide touche davantage les ouvriers que les cadres. Les personnes sans activité salariée sont les plus touchées.
Tōjinbō est un lieu de suicide bien connu au Japon. Jusqu’à 25 personnes s’y suicident tous les ans.
Il s’appelle Yukio Shige et du haut de ses 65 ans, cet ex-policier japonais est devenu depuis quelques années l’ange-gardien de ceux qui veulent en finir avec la vie. Depuis qu’il a pris sa retraite, cet homme a fait du site de Tojimbo (situé au nord-ouest de Tokyo) son nouveau poste de contrôle pour lui permettre de surveiller les candidats au suicide tentés de se jeter du haut des falaises qui plongent à pic dans la mer du Japon. Depuis que Yukio Shige a décidé de consacrer sa vie aux plus désespérés en tentant de leur parler pour les raisonner, l’homme peut s’enorgueillir d’avoir sauvé la vie de 271 personnes.
ONS (fevrier 2016) SUICIDE Connaître pour prévenir : dimensions nationales, locales et associatives
Depuis les années 1950, de nombreuses associations se sont investies dans la prévention du suicide et dans le soutien aux familles endeuillées. À travers leurs actions de terrain au contact des personnes en souffrance et à leur écoute, ces associations rassemblent des informations qualitatives et quantitatives d’une grande richesse, susceptibles de compléter la surveillance épidémiologique et d’appuyer la recherche et les prises de décision en santé publique. Leur diversité, leur couverture géographique et populationnelle, l’étendue des actions et des interventions menées, la valorisation des données recueillies et les problèmes que ces structures rencontrent pour mener à bien leurs projets méritent d’être mieux connus et partagés. C’est le thème de ce dossier. Il s’appuie sur les présentations réalisées au cours de la journée du 16 avril 2015, commune aux deux groupes de travail de l’Observatoire national du suicide (ONS), « Surveillance épidémiologique » (piloté par l’InVS) et « Axes de recherche » (piloté par la DREES), consacrée aux actions et données recueillies en 2014 par les associations de prévention du suicide. L’Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS, 1996), qui réunit de nombreuses associations, a engagé un recensement de ce tissu associatif, afin d’en souligner la diversité en termes d’actions menées, de modalités d’intervention, de périmètres géographiques et de populations couvertes. Le premier volet de ce dossier est consacré à la présentation de ce travail en cours.
ONS (2016) recueil numérique sur la thématique du suicide
Ce recueil numérique propose une sélection bibliographique sur la thématique du suicide. Il est composé de références à des ouvrages, des études et des rapports, d’une part, et à des articles scientifiques, d’autre part. Il comporte également d’autres types d’informations en lien avec le suicide : des colloques, des sites Web institutionnels et associatifs et des émissions de radio et de télévision.
Le contenu de ce recueil s’appuie principalement sur le fonds documentaire « Ress@c » du ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes mais, également sur des revues scientifiques et le Web. Sans chercher à être exhaustif, ce dossier recense la documentation française et internationale relative au suicide sur la période 2008-2016, sauf pour les ouvrages qui peuvent être plus anciens.
La sélection bibliographique a permis de dégager cinq thématiques phares (qu’illustre la carte mentale proposée ensuite) :
1. la prévention
2. les effets de la crise et les inégalités sociales
Une mise en situation montrant une intervenante qui reçoit un homme en situation de crise suicidaire. Cette vidéo est tirée du projet Intervenir en situation de crise suicidaire produit par le CCDMD en 2008.
Christian Lafleur, Dominique Seguin (2008) Intervenir en situation de crise suicidaire: L’entrevue clinique
Pour visionner et télécharger l’intégralité des vidéos/supports pédagogiques (entretien puis séquences de supervision de l’intervenante sur les erreurs à ne pas commettre), c’est ICI
Le suicide est évitable. Pourtant, toutes les 40 secondes, une personne se suicide quelque part dans le monde et bien plus tentent de mettre fin à leurs jours. Aucune région ni aucune tranche d’âge n’est épargnée. Il touche toutefois particulièrement les jeunes de 15 à 29 ans, chez qui il constitue la deuxième cause de mortalité à l’échelle mondiale.
C’est la première fois que l’OMS publie un rapport en la matière. Ce document rassemble les connaissances acquises dans le domaine. Il a pour objectif d’encourager les pays à développer ou renforcer leurs stratégies globales de prévention du suicide selon une approche multisectorielle de la santé publique.