Pr Jean-Louis Terra (2017) Les changements induits par les formations qui favorisent la pérennisation de la prévention du suicide

Pr Jean-Louis Terra (2017) Les changements induits par les formations qui favorisent la pérennisation de la prévention du suicide

2ème congrès de la FTSLU Fédération Trauma Suicide Liaison Urgence
Evaluer pour agir – Comment améliorer et transmettre nos pratiques des urgences psychiatriques du 20 au 23 mars 2017 – Maison de la Région, Place Gabriel Hocquard, Metz

The Marshmallow test : stratégie à long terme vs stratégie à court terme!


Le test du marshmallow ou expérience de la guimauve est une étude sur la gratification différée conduite en 1972 par le psychologue Walter Mischel de l’université Stanford. Un marshmallow (une guimauve) est offert à chaque enfant. Si l’enfant résiste à l’envie de manger la guimauve, il en obtient par la suite deux autres en guise de récompense. Les scientifiques analysaient la durée pendant laquelle chaque enfant résiste à la tentation, et démontraient qu’une grande patience était synonyme de succès. Les résultats interprétés par les auteurs montrent que plus grande est la maîtrise de soi (mesurée par la capacité de gratification différée), plus les chances de réussir sont grandes. Une réplication par Watts, Duncan et Quan montre un lien plus faible entre la maîtrise de soi pendant l’expérience de la guimauve et la probabilité de succès futur. Ces résultats nuancent les conclusions précédentes et suggèrent que d’autres facteurs tels que l’environnement familial et les capacités cognitives ne doivent pas être négligés

Se former à la prevention du suicide: Evaluer et gérer le risque suicidaire (Psychwire, VOST)

Apprenez à évaluer et à gérer avec confiance et compétence les niveaux de risque de suicide d’un client ou d’un patient grâce à ce cours en ligne de quatre semaines, très pratique et absorbant. Développé par des maîtres formateurs et des experts ayant une expérience vécue dans le domaine du suicide, AMSR (Assessing and Managing Suicide Risk) aide à  » alléger le fardeau  » des praticiens de la santé mentale très occupés lorsqu’ils travaillent avec des clients présentant un risque de suicide.

Votre parcours d’apprentissage vous apprend pas à pas à reconnaître les signes avant-coureurs du suicide, à réagir avec compassion et de manière appropriée à ces signes, et vous fournit les compétences et les interventions nécessaires pour élaborer un plan de gestion de la prévention du suicide efficace et collaboratif avec vos clients.

L’AMSR offre aux praticiens de la santé et de la santé mentale un cadre structuré utilisant des interventions et des stratégies fondées sur la recherche qui sont faciles à apprendre et à appliquer.

Objectifs du cours

  • Développer les compétences de base nécessaires à l’évaluation et à la gestion du risque suicidaire
  • Apprendre les facteurs de risque et les signes impliqués dans le risque de suicide
  • Apprendre efficacement à recueillir des informations auprès de votre client ou patient afin de formuler une évaluation du risque
  • Apprendre à poser des questions directes sur le suicide
  • Connaître les dilemmes courants associés au risque de suicide
  • Acquérir des connaissances sur la sécurité disponible et les options de traitement fondées sur des preuves
  • Apprendre à développer un plan puissant et efficace en collaboration avec vos clients ou patients afin de minimiser le risque de suicide.

https://psychwire.com/zsi/zsi-amsr

Video VOST: Dr Thomas Joiner (université d’Harvard) évoque la prévention du suicide

La théorie interpersonnelle du suicide, de Thomas Joiner, tente d’expliquer pourquoi les individus adoptent un comportement suicidaire et d’identifier les individus à risque. Développée par Thomas Joiner et exposée dans Why People Die By Suicide, cette théorie se compose de trois éléments qui, ensemble, conduisent à des tentatives de suicide. Selon la théorie, la présence simultanée d’un sentiment d’appartenance contrarié et d’un sentiment d’être un fardeau produit le désir de suicide. Bien que le désir de suicide soit nécessaire, il n’entraîne pas à lui seul la mort par suicide. Joiner affirme plutôt qu’il faut aussi avoir acquis la capacité (c’est-à-dire l’aptitude acquise) de surmonter sa peur naturelle de la mort.

Un certain nombre de facteurs de risque ont été associés au comportement suicidaire, et il existe de nombreuses théories du suicide qui intègrent ces facteurs de risque établis, mais peu sont capables d’expliquer tous les phénomènes associés au comportement suicidaire comme le fait la théorie interpersonnelle du suicide.
Un autre point fort de cette théorie réside dans sa capacité à être testée empiriquement. Elle est construite de manière à pouvoir être réfutée. Un certain nombre d’études ont apporté un soutien au moins partiel à la théorie interpersonnelle du suicide. Plus précisément, une revue systématique de 66 études utilisant la théorie interpersonnelle du suicide a montré que l’effet de la charge perçue sur les idées de suicide était la relation la plus testée et la mieux étayée. Les autres prédictions de la théorie, en particulier en ce qui concerne les effets d’interaction critiques, sont moins bien étayées.

Désir de suicide
Appartenance contrariée
L’appartenance, c’est-à-dire le fait de se sentir accepté par les autres, est considérée comme un besoin fondamental, essentiel à la santé psychologique et au bien-être d’un individu. Il a été démontré que l’augmentation des liens sociaux – un concept lié à l’appartenance – réduisait le risque de suicide. Plus précisément, le fait d’être marié, d’avoir des enfants et d’avoir plus d’amis est associé à un risque plus faible de comportement suicidaire, Par exemple, les taux de suicide ont été plus faibles les dimanches du Super Bowl que les autres dimanches, et l’on pense que le lien social qui se crée lorsqu’on est fan d’une équipe sportive accroît le sentiment d’appartenance. En revanche, les personnes qui se suicident font souvent état d’un isolement social avant leur décès.

Se sentir comme un fardeau
C’est la croyance que l’on est un fardeau pour les autres ou la société. Joiner décrit la charge perçue comme la croyance que « ma mort vaut plus que ma vie ». Le chômage, les problèmes médicaux ou de santé et l’incarcération sont des exemples de situations dans lesquelles une personne peut avoir l’impression d’être une charge pour les autres. Il est important de noter que la charge est « perçue » et qu’il s’agit souvent d’une croyance erronée. Selon la théorie, l’appartenance contrariée et la lourdeur perçue constituent ensemble le désir de suicide.

Capacité acquise
Joiner parle de capacité « acquise » parce qu’il ne s’agit pas d’une capacité avec laquelle les humains sont nés. Au contraire, cette capacité à adopter des comportements suicidaires ne s’acquiert qu’au fil des expériences de la vie. La peur de la mort est un instinct naturel et puissant. Selon cette théorie, la peur de la mort est affaiblie lorsqu’une personne est exposée à la douleur physique ou à des expériences de vie provocantes, car ces expériences conduisent souvent à l’absence de peur et à l’insensibilité à la douleur. Ces expériences peuvent être un traumatisme dans l’enfance, le fait d’être témoin d’un événement traumatisant, de souffrir d’une maladie grave ou de s’automutiler.

On pense que ces comportements entraînent une désensibilisation aux stimuli douloureux et augmentent la capacité d’une personne à adopter des comportements suicidaires. Cette composante est importante pour identifier les personnes susceptibles de faire une tentative de suicide ou de mourir par suicide. Par exemple, certaines professions (soldats, chirurgiens et policiers) sont exposées à la douleur physique ou à des expériences provocantes.

Implications
Une étude d’enquête portant sur une vaste cohorte basée sur la population soutient la théorie interpersonnelle dans la mesure où l’interaction entre l’appartenance contrariée et le fardeau perçu prédit l’idéation suicidaire, et l’idéation suicidaire et la capacité prédisent les plans de tentative de suicide et les tentatives effectives.

La théorie interpersonnelle du suicide identifie les facteurs que les cliniciens devraient évaluer pour détecter un risque accru de suicide et les facteurs qui devraient être ciblés dans la prévention et le traitement.

La théorie interpersonnelle du suicide de Thomas Joiner

« Le comportement suicidaire est un problème majeur dans le monde entier et, en même temps, il a reçu relativement peu d’attention empirique.Ce manque relatif d’attention empirique peut être dû en partie à l’absence relative de développement théorique concernant le comportement suicidaire. Ce document présente la théorie interpersonnelle du comportement suicidaire. Nous proposons que la forme la plus dangereuse de désir suicidaire soit causée par la présence simultanée de deux construits interpersonnels – l’appartenance et le sentiment d’être un fardeau (et du désespoir lié à ces états) et, en outre, que la capacité de s’engager dans un comportement suicidaire est distincte du désir de s’engager dans un comportement suicidaire. Selon cette théorie, la capacité à adopter un comportement suicidaire émerge, par le biais de l’accoutumance et des processus d’opposition, en réponse  à une exposition répétée à des expériences physiquement douloureuses et/ou suscitant la peur. Dans le présent document, les hypothèses de la théorie sont définies plus précisément que dans les présentations précédentes (Joiner, 2005), dans le but d’inviter à la recherche scientifique et à  la réfutation potentielle des hypothèses de la théorie ».

Hypothèses de la théorie interpersonnelle du suicide
1 L’appartenance contrariée et la perception d’être un fardeau sont des causes proximales et suffisantes de l’idéation suicidaire passive.
2 La présence simultanée d’une appartenance contrariée et de la perception d’être un fardeau, lorsqu’ils sont perçus comme stables et immuables (c.-à-d. le désespoir à l’égard de ces états), est une cause proximale et suffisante de désir suicidaire actif.
3 La présence simultanée d’un désir suicidaire et d’une diminution de la peur de la mort est la condition dans laquelle le désir suicidaire se transforme en intention suicidaire. .
4 L’issue d’un comportement suicidaire grave (c’est-à-dire les tentatives de suicide mortelles ou presque mortelles) est plus susceptible de se produire dans le contexte suivant d’appartenance contrariée, de fardeau perçu (et de désespoir à l’égard de ces deux éléments), d’une peur réduite du suicide et d’une tolérance élevée à la douleur physique.

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Le modèle de risque du suicide de Thomas Joiner: la théorie interpersonnelle du suicide

Dans son livre « Why People Die by Suicide » (Pourquoi les gens meurent du suicide), Thomas Joiner (2006) met en avant plusieurs théories du suicide des deux siècles derniers. Sa théorie interpersonnelle et psychologique du suicide est très utile pour évaluer les risques au travail. Dans cette théorie, Joiner indique que les personnes qui se suicident n’ont pas seulement le désir de mourir mais elles ont également appris à dépasser leur instinct d’auto-préservation (voir l’image 1).

En d’autres termes, vouloir mourir, selon Joiner, est composé de deux éléments psychologiques: le sentiment d’être un poids pour les autres (perceived burdensomeness) et une déconnexion sociale de quelque chose de plus grand que soi (thwarted belongingness). Concernant le premier élément, l’accent est mis sur le terme « perception », car peu importe ce que le reste du monde voit, ce qui importe est comment la personne se voit elle-même. Souvent, la façon de penser est celle-ci: « Pour les gens qui m’aiment je serais mieux mort que vivant ». La personne suicidaire a souv

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ent perdu le sentiment d’avoir un but. Le second élément concerne le sentiment de connexion sociale. En temps qu’être humains nous sommes liés aux autres et lorsque ces liens sont rompus ou dissous, nous souffrons d’isolement.

Individuellement, chacun de ces deux éléments, n’est pas suffisant pour pousser la personne à l’acte suicidaire, mais ensemble avec une possibilité (ou de l’intrépidité), ils entraînent la personne dans un état de risque élevé de suicide. Depuis leur naissance, les êtres humains ont un fort instinct pour préserver leur propre vie. Joiner soutient qu’une série d’expériences douloureuses et difficiles au cours de la vie peut « immuniser » une personne contre la peur de la douleur et de la mort associée au suicide. Ces expériences peuvent être liées à des traumatismes et des abus, mais peuvent aussi comprendre des comportements à risque, des blessures dues au sport, ou une connaissance et une aisance avec les moyens mortels pour se suicider (ex: armes à feu, drogues mortelles). Cela explique pourquoi une précédente tentative de suicide est le meilleur indicateur d’une future tentative. Cependant, concernant les capacités du modèle, avoir vécu des expériences douloureuses et choquantes ou un attrait pour les comportements défiants la mort ne prédit pas en soi un suicide. Le risque est élevé quand les deux facteurs se croisent – quand un désir de se suicider rencontre la possibilité de le faire..

 

voir sur: https://www.constructionworkingminds.org/french-suicide-risk-model

Les bases de la thérapie dialectique comportementale

La thérapie comportementale dialectique (TCD), développée par Marsha Linehan (1993), est un traitement très prometteur qui a révolutionné la prise en charge des troubles de la personnalité borderline, des pensées suicidaires et des psychotraumatismes.

La TCD a été utilisé très efficacement pour aider les personnes qui ont des difficultés à gérer leurs émotions et à nouer des relations étroites, et avec les personnes qui pensent à se faire du mal. La thérapie comportementale dialectique met l’accent sur les émotions – en particulier la façon dont nous apprenons à gérer les sentiments difficiles. Si vous vous êtes déjà trouvé émotions difficiles, et si ces émotions interfèrent avec vos relations, la TCD peut être très utile. Elle repose sur les hypothèses suivantes :

  • Si vos réactions émotionnelles ne sont pas prises en compte (par ceux qui ont pris soin de vous) lorsque vous êtes jeune, vous aurez peut-être des difficultés à identifier, étiqueter et gérer vos émotions à l’âge adulte.
  • Lorsque vous avez du mal à gérer vos émotions, cela se répercute sur vos relations avec les autres.
  • Nous augmentons souvent notre niveau de détresse en pensant à ce qui s’est déjà produit et à ce qui pourrait se produire dans le futur
  • La pleine conscience, qui est un ensemble de techniques permettant de revenir au moment présent, peut vous aider à gérer les émotions et les pensées pénibles.
  • Il est parfois efficace d’essayer de changer les émotions négatives, et parfois d’accepter ces émotions difficiles. Vous pouvez développer des compétences pour vous aider à décider de l’approche à adopter dans diverses situations.

Le traitement par la thérapie comportementale dialectique a été développé à l’origine pour traiter les troubles de la personnalité limite. Les personnes chez qui l’on diagnostique un trouble de la personnalité limite ont souvent des difficultés relationnelles et ont souvent des antécédents de pensées et d’actions suicidaires. Au cours des dernières années, la TCD a été utilisée pour aborder une variété de conditions, y compris le PTSD (Becker et Zayfert 2001).

Ce mode de thérapie comporte plusieurs aspects :

  • la pleine conscience,
  • l’efficacité interpersonnelle,
  • la régulation des émotions
  • et la tolérance à la détresse.

pour en savoir plus: http://depts.washington.edu/uwbrtc/resources/treatment-resources/

Videos en français sur les compétences enseignées dans la TCD: https://www.youtube.com/playlist?list=PLVlLbxLe1Eo7TlxEvhebgfdMVHzgiSts-

« idées reçues » sur le suicide déclinées par l’AQPS, l’Association québecoise de Prévention du suicide.

Découvrez les « idées reçues » sur le suicide déclinées par l’AQPS, l’Association québecoise de Prévention du suicide.

Vous trouverez sur leur site toutes leurs « idées reçues » ainsi que la correction des réponses, très utiles en formation.  Certaines idées ou formulations sont différentes des idées reçues utilisées en France, et peuvent venir tout à fait renouveler ou compléter celles que nous utilisons…

  • « La personne qui pense au suicide est formellement décidée à mourir. »
  • « Pour que l’aide fonctionne, la personne qui pense au suicide devrait faire les démarches elle-même. »
  • « Se suicider est un signe de faiblesse ou de lâcheté. »
  • « Poser la question ou parler du suicide peut encourager le passage à l’acte. »
  • « Le suicide se produit sans avertissement. »
  • « Toute personne qui pense au suicide paraît déprimée. »
  • « Toute personne qui pense au suicide est en crise. »
  • « Les personnes qui « menacent » de se suicider veulent attirer l’attention ou manipuler les gens. »
  • « On peut aider une personne en détresse sans être un professionnel en prévention du suicide. »

A retrouver ici: https://aqps.info/mythes-realites-sur-le-suicide/

Vous y retrouverez également les différents programmes de formations en prévention suicide:

Sur la postvention: Postvention_Programme_CoupDoeil_Mai2020_AQPS.pdf

Sentinelles : https://aqps.info/grand-public-sentinelles/

 

BEH (2019) SUICIDE ET TENTATIVES DE SUICIDE: DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES RÉCENTES

BEH (2019) SUICIDE ET TENTATIVES DE SUICIDE: DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES RÉCENTES

Coordination scientifique // Scientific coordination

Christine Chan-Chee et Enguerrand du RoscoätSanté publique France, Saint-Maurice, France

Si le lien est brisé: http://humanitas.asso.free.fr/wp-content/uploads/BEH_2019_3-4.pdf

 

Prévention du suicide : l’évaluation est indispensable

// Suicide prevention: Evaluation is essential

Pierre Thomas
Professeur de psychiatrie, Faculté de médecine, Université de Lille, France

Les hospitalisations pour tentative de suicide dans les établissements de soins de courte durée : évolution entre 2008 et 2017

// Hospitalizations for attempted suicide in acute care facilities in France: Trends between 2008 and 2017

Christine Chan-Chee
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Étude de faisabilité de la mise en place d’un système de surveillance des suicides basé sur les données des instituts médico-légaux

// Feasibility study of the implementation of suicide surveillance system based on data from forensic institutes

Virginie Gigonzac et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Tentatives de suicide, pensées suicidaires et usages de substances psychoactives chez les adolescents français de 17 ans. Premiers résultats de l’enquête Escapad 2017 et évolutions depuis 2011

// Suicide attempts, suicidal thoughts and use of psychoactive substances among 17-year-old French adolescents. First results of the ESCAPAD 2017 survey and changes since 2011

Eric Janssen et coll.
Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT), La Plaine Saint-Denis, France

 

Baromètre de Santé publique France 2017 : tentatives de suicide et pensées suicidaires chez les 18-75 ans

// Santé Publique France Health Barometer 2017: Suicidal attempts and suicidal ideation among the 18-75 years-old

Christophe Léon et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Causes associées aux suicides dans les certificats de décès. Analyse des certificats médicaux de décès, France, 2000-2014

// Causes associated with suicide in death certificates. Analysis of death certificates in France, 2000-2014

Catherine Ha et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Pensées suicidaires dans la population active occupée en France en 2017

// Suicidal ideation among the working population in France in 2017

Pauline Delézire et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Activité des associations de prévention et d’aide à distance en santé dans le domaine de la prévention du suicide

// Activity of prevention and remote support services associations in the field of suicide prevention in France

Christine Chan-Chee et coll.
Santé publique France, Saint-Maurice, France

Union nationale de Prevention du suicide

L’UNPS fait un gros travail de compilation d’informations et dedonnées sur leur site: https://www.unps.fr/

Elle rassemble ici quelques infographies utiles pour delivrere des formations.

Taux de décès par suicide en population générale

Tous les chiffres en France : Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire 2020

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 800 000 décès sont attribuables chaque année à un suicide dans le monde 1. En France métropolitaine, les dernières données disponibles du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc- Inserm) font état de 8 948 décès par suicide en 2015. Même si leur nombre est en diminution ces dernières années, la France présente, parmi les pays européens, un des taux de suicide les plus élevés, derrière les pays de l’Est, la Finlande et la Belgique.

Variation du taux de décès par suicide en France entre 2000 et 2016

Globalement, le taux de décès par suicide a tendance à diminuer : -33,5 % entre 2000 et 2016. Cette baisse est plus importante au cours de la période 2008-2016 (-23,5 %) qu’entre 2000 et 2008 (-13,0 %). Les taux diminuent pour toutes les classes d’âge à l’exception des 45-54 ans entre 2000 et 2008 et des 95 ans ou plus au cours de la période 2008-2016.

Prévalences

En 2017, 4,7 % des personnes âgées de 18 à 75 ans ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois, les femmes (5,4 %) étant en proportion plus nombreuses que les hommes (4,0 % ; p < 0,001). Compte tenu des intervalles de confiance liés à l’échantillonnage de l’enquête, cette différence selon le sexe n’est significative que chez les 55-64 ans avec 6,3 % de pensées suicidaires au cours des 12 derniers mois chez les femmes contre 3,6 % chez les hommes (p < 0,01). La pré­valence varie également selon la classe d’âge, avec un pic noté chez les 45-54 ans (5,6 %), aussi bien chez les femmes que chez les hommes (respectivement 6,3 % et 4,9 %).

Les tentatives de suicides

En 20177,2% [6,8-7,6] (n=1 742) des 18-75 ans déclaraient avoir tenté de se suicider au cours de leur vie (9,9% des femmes vs 4,4% des hommes ; p<0,001) et 0,39% [0,30-0,51] (n=75) au cours des 12 derniers mois (0,29% des hommes vs 0,48% des femmes ; p=0,076). Parmi les personnes ayant fait une TS au cours de leur vie, plus d’un tiers (37,7%) ont déclaré en avoir fait au moins deux (39,9% des femmes vs 32,4% des hommes ; p<0,05). L’âge moyen de la dernière TS était de 29 ans pour les hommes et 27 ans pour les femmes (p<0,05) ; l’âge médian était de 25 ans (27 ans pour les hommes et 24 ans pour les femmes). La majorité des TS ont eu lieu avant l’âge de 25 ans, et c’est entre 15 et 19 ans que la proportion de suicidants était la plus importante, avec 30,1% de femmes concernées et 19,5% d’hommes (p<0,001).

Évolution du nombre de séjours hospitaliers pour tentative de suicide et de patients en France entre 2008 et 2017

Les évolutions annuelles du nombre de séjours hospitaliers pour tentative de sui­cide et du nombre de patients entre 2008 et 2017 sont parallèles. Le nombre d’hospitalisations augmente entre 2008 et 2010 puis baisse jusqu’en 2013 pour se stabiliser ensuite. Dans les années 2008-2011, le nombre annuel de séjours pour tentative de suicide est supérieur à 100 000 et le nombre de patients hospitalisés se situe autour de 89 000. En 2017, on compte moins de 90 000 séjours effectués par un peu plus de 77 000 personnes.

Taux de décès par suicide selon les régions

Les taux de décès par suicide par région doivent être comparés avec prudence. En effet, les données relatives au nombre de décès par suicide présentent un défaut d’exhaustivité global estimé à 10 % en France métropolitaine par le CépiDc-Inserm. Cette sous-estimation varie selon les régions et atteint 46 % en Île-de-France. Ainsi les différences de taux de suicide sont vraisemblablement en partie imputables à la qualité de la remontée de l’information et ne reflètent pas la situation épidémiologique réelle (voir le 2e rapport de l’ONS, p. 185).

Les taux standardisés moyens de décès par suicide entre 2014 et 2016 varient forte­ment selon les régions. Le taux de la Bretagne dépasse de 52,0 % le taux moyen de la France métropolitaine. Viennent ensuite les régions Pays de la Loire, Normandie et Hauts-de-France, avec des taux supérieurs de plus de 30 % au taux moyen de France métropolitaine. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Corse, et Île-de-France enregistrent les plus bas taux de décès par suicide (inférieurs de plus de 14 % au taux moyen de France métropolitaine).

Entre 2000-2002 (période de référence) et 2014-2016, les taux de décès par suicide ont tendance à diminuer de façon significative quelle que soit la région considérée.

Modes de suicide

En 2016, comme les années précédentes, le mode de suicide le plus fréquent est la pendaison (58 % des suicides), loin devant les armes à feu (13 %), les prises de médicaments et autres substances (10 %) et les sauts d’un lieu élevé (8 %). Ces modes de décès diffèrent sensiblement selon le sexe. Pour les hommes, la pendai­son est à l’origine de 62 % des suicides et les armes de 16 %. Pour les femmes, la pendaison (44 %) et la prise de médicaments et autres substances (21 %) sont les modes les plus utilisés.

Causes associées aux suicides dans les certificats de décès

Sur la période d’étude, 156 910 décès par suicide chez les individus âgés d’au moins 10 ans ont été enregistrés en France, dont 74% d’hommes. Ces décès représentent 1,9% du total des décès et 10 461 cas en moyenne par an. Selon ces certificats de décès, 40% des suicides étaient associés à la présence de troubles mentaux, plus souvent chez les femmes que chez les hommes (48% vs 36%). Il s’agissait en grande majorité de troubles dépressifs (38% chez les femmes et 28% chez les hommes). Ceux-ci étaient 41 fois plus fréquemment associés aux suicides qu’aux autres décès. Les suicides des personnes âgées de moins de 25 ans représentaient une part modérée du total des suicides (5,5%), mais étaient à l’origine d’un nombre élevé d’années de vie perdues. Des associations particulièrement fortes ont été observées avec les troubles de l’humeur et les troubles anxieux dans cette classe d’âge.

Pour 16% des suicides, le certificat de décès indiquait l’existence d’au moins une pathologie non mentale ayant contribué au décès : les maladies les plus souvent associées étaient celles de l’appareil circulatoire (5% des CD suicide), les maladies du système nerveux (4%) et les tumeurs invasives (3%), sans que l’étude ait été en mesure d’identifier des pathologies non mentales liées aux suicides.