FRANCE CULTURE (2015) Cioran à propos du suicide

FRANCE CULTURE, Emission « le Gai savoir » ( 17.05.2015) Philosophies de Cioran (1ère partie)

« Emil Cioran écrit comme un impressionniste mélange tous les sombres pour obtenir le plus beau noir : chaque phrase est un hurlement gelé, une trace, une cicatrice, une cicatrace que le monde a déposée, pour qu’elle s’y développe dans une petite chambre obscure. « C’est mal me connaître que de parler de moi » disait-il… Allons-y, donc. »

Suicide des personnes écrouées en France : évolution et facteurs de risque (2014)

Géraldine Duthé, Angélique Hazard, Annie Kensey (2014) Revue Population-F, 69 (4), 2014, 007-038 : Suicide des personnes écrouées en France : évolution et facteurs de risque

L’univers carcéral est-il propice au suicide ? L’est-il davantage aujourd’hui? Dans un article de Population paru il y a près de 40 ans, Jean-Claude Chesnais établissait pour la France une nette sursuicidité des personnes détenues par rapport à la population libre. À partir des données administratives de la direction de l’Administration pénitentiaire du ministère de la Justice, Géraldine Duthé, Angélique Hazard et Annie Kensey mettent à leur tour en évidence la sursuicidité de la population masculine écrouée par rapport à la population générale. Tandis que les taux de suicide ont relativement peu varié au cours du temps dans la population générale, ils n’ont cessé d’augmenter en prison et y sont aujourd’hui sept fois plus fréquents qu’en milieu libre. Analysant le suicide des personnes écrouées entre 2006 et 2009, les auteurs identifient les principaux facteurs de risque liés à la condition carcérale

 

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Suicide mimétique ou Effet « Werther »

Suicide au travail et effet Werther: à propos des suicides à France Telecom

Effet Werther

L’effet Werther ou suicide mimétique est un phénomène mis en évidence en 1982 par le sociologue américain David Philipps, qui a étudié la hausse du nombre de suicides suivant la parution dans les médias d’un cas de suicide. Le nom est inspiré par une vague de suicides s’étant produit en Europe lors de la parution du roman de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther .

Le roman Les souffrances du jeune Werther, a été publié en 1774. Il raconte le suicide d’un jeune homme à la suite d’amours déçues. Peu après sa parution, une mode s’empare des jeunes allemands, qui imitent les façons vestimentaires du couple sujet du roman, Charlotte et Werther. Pendant les mois qui suivent, on assiste à une vague de suicides par revolver selon les mêmes modalités que celle utilisées par le héros, qui conduit l’Église à demander l’interdiction du livre en Europe, et les autorités allemandes à Leipzig, danoise à Copenhague, et italiennes, à réaliser cette interdiction.

Umberto Eco s’interroge sur le fait qui pousse des être humains réels à compatir aux souffrances de héros de fiction plus volontiers qu’au sort d’inconnus dans le monde vivant des souffrances réelles. Il conclut que « la fiction suggère que peut-être notre vision du monde réel est aussi imparfaite que celle des personnages de fiction. C’est pourquoi des personnages de fiction réussis deviennent des exemples primordiaux pour la condition humaine « réelle ». »

L’effet Werther de David Phillips
En 1974, le sociologue David Philips indique que, malgré ces interdictions, le lien de cause à effet entre cette vague de suicides et la parution du roman n’a pas pu être étudiée. Il cite Durkheim, pour qui, si le suicide d’un proche peut générer quelques cas dans son entourage, ceci ne peut affecter une hausse du taux de suicide au niveau national. Toutefois, en étudiant les cas de suicide entre 1947 et 1968 en Angleterre et aux États-Unis, Phillips démontre une corrélation entre publication dans la presse de cas de suicide, et hausse des suicides immédiatement après, la corrélation étant d’autant plus forte que la relation du cas a été très médiatisée. En 1986, il constate le même type de corrélations dans les sept jours suivants, en s’appuyant cette fois-ci sur des cas relatés par la télévision au niveau national. Il montre que là encore la hausse est d’autant plus grande que le relayage médiatique a été intense. Bien que d’autres théories aient pu être avancées, dont des causes d’erreur de traitement statistique, il conclut à un lien direct entre exposition par la télévision et hausse du taux. Il baptise ce phénomène d’effet Werther. Il dupliquera l’année suivante ces études à des œuvres de fiction.

Il réalise enfin une synthèse de ses travaux en 1992, sous le titre Suicide and the media, où il met en avant des effets d’imitation et de suggestion.

(Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre).

http://prevention.suicide.free.fr/wp-content/uploads/suicide_mimetique.mp4

Extrait de l’émission « Spécimen », de la télévision suisse RTS (2014) Non verbal et mirroring – Effet caméléon : tous des moutons?

The guardian (2014) Inmate suicide figures expose human toll of prison crisis

The guardian (17 octobre 2014) Inmate suicide figures expose human toll of prison crisis

  • Data obtained by Guardian reveals more than six prison suicides a month
  • Stories behind statistics show young men and mentally ill at high risk
  • Officials blame budget cuts for inadequate staff numbers and lack of training

The human toll of the crisis gripping prisons in England and Wales is exposed with new figures obtained by the Guardian revealing that 125 prisoners have killed themselves in 20 months – an average of more than six a month.

For the first time the Guardian has identified the individuals behind the statistics that show suicide is at its highest rate in prisons for nine years, and there is no sign that the scale of the tragedy is being checked.

The investigation, which examined all suicides between January 2013 and 28 August 2014, found four women and 121 men, aged between 18 and 74, killed themselves in the adult prison system.

Since then and up to 2 October another nine men, aged between 21 and 46, killed themselves, bringing the total number of self-inflicted deaths since January 2013 to 134. Three people killed themselves on one day, 1 September 2014.

The Prison Service ombudsman, Nigel Newcomen, described the deaths as “utterly unacceptable” in a modern age and said they reflected the “rising tide of despair” across the prison system. He said his recommendations to save future lives were being ignored.

“There is no question the Prison Service is more challenged now than [it has been] in a generation,” Newcomen said. “My job is to draw lessons from these individual human tragedies and I don’t think that adequate heed has been taken of them.”

He said the “appalling upsurge in suicides” meant there was a need to review the approach within prisons, including “more resources being applied”.

The Guardian looked at every case of suicide in the prison system over the 20-month period. Included among them

retrouvez l’intégralité de l’article sur le site du guardian

 

TED 2014 – Le pont entre le suicide et la vie (VO sous titré)

KEVIN BRIGGS, conférence TED 2014 – The bridge between suicide and life

kevin briggsFor many years Sergeant Kevin Briggs had a dark, unusual, at times strangely rewarding job: He patrolled the southern end of San Francisco’s Golden Gate Bridge, a popular site for suicide attempts. In a sobering, deeply personal talk Briggs shares stories from those he’s spoken — and listened — to standing on the edge of life. He gives a powerful piece of advice to those with loved ones who might be contemplating suicide.

Kevin Briggs is a Golden Gate guardian

As a member of the California Highway Patrol with assignments including patrolling the Golden Gate Bridge, Sergeant Kevin Briggs and his staff are the last barriers between would-be suicides and the plunge to near-certain death

Transcription conférence Kevin Briggs

FRANCE CULTURE (2012) Le suicide en France au XVIIIe siècle

Dominique Godineau : S’abréger les jours. Le suicide en France au XVIIIe siècle (Armand Colin) / Revue Genesis N° 34 Dossier Brouillons des Lumières (PUPS)

La période choisie est décisive, d’abord parce que le suicide change de statut juridique, passant de l’incrimination à la dépénalisation, parce qu’il s’agit d’une époque d’évolution rapide des mentalités et l’enquête de Dominique Godineau se présente aussi comme une histoire culturelle et politique des sensibilités, mais également parce que les contemporains ont eu le sentiment, à tort ou à raison, que l’époque connaissait une recrudescence de l’homicide de soi-même, en particulier sous la Révolution, et enfin parce que le mot suicide, importé d’Angleterre, un pays réputé terre d’élection de la mort volontaire, fait son entrée dans le vocabulaire français à cette époque. Le néologisme, forgé à partir du latin au XVIIe siècle, assemble sui, de soi et caedes, devenu cide, meurtre, le suffixe qu’on retrouve dans homicide, parricide ou régicide.

Montesquieu, comme Voltaire ou Beccaria, l’auteur du célèbre traité Des délits et des peines, s’inquiétaient de la férocité de la loi concernant les suicidés. « On les fait mourir, pour ainsi dire, une deuxième fois » écrit Usbek, le protagoniste des Lettres persanes et Voltaire s’engagea à deux reprises dans des affaires où le suicide était l’élément déclencheur : comme il n’avait pas déclaré celui de son fils pour éviter la honte du procès, Calas, accusé de l’avoir tué était mort sur la roue et Sirven avait également été poursuivi pour le meurtre de sa fille qui s’était jetée dans un puits. Sous l’Ancien Régime, le suicide fait partie des crimes, comme celui de lèse-majesté divine ou humaine, où la mort du prévenu ne suffit pas à éteindre les poursuites et où l’on peut faire un procès au cadavre, lequel est même écroué le temps de la procédure au grand dam des autres prisonniers incommodés par les pestilences de la putréfaction, et représenté au tribunal par un « curateur ». La peine, à la fois physique, symbolique et pécuniaire consiste pour le corps à être traîné sur une claie la tête en bas, au niveau du caniveau puis pendu par les pieds et ainsi exposé 24 heures, sa mémoire effacée et ses biens confisqués, même si des aménagements ont progressivement permis à la famille, femme et enfants, d’en conserver une partie. Il était fait obligation à quiconque découvrait un cadavre d’en aviser les autorités, et même aux proches. C’est pourquoi les parents, ainsi que le curateur désigné, avaient tout intérêt à plaider la folie, l’accident ou l’homicide maquillé en suicide quand c’était possible.

Le procès fait à un mort et instruit, selon l’expression consacrée, « en la forme ordinaire », prenait vite l’apparence du « non sense » et de l’absurde. Au cours de la confrontation le juge, comme il se doit, demandait aux témoins s’ils reconnaissaient l’accusé dans la personne du curateur qu’ils voyaient pour la première fois. Lorsque le cadavre était présenté aux témoins après la confrontation, ceux-ci ne savaient plus très bien s’ils devaient reconnaître l’accusé ou sa victime. Parfois le curateur devait se rendre en prison à l’énoncé de la sentence pour que celle-ci soit lue dans les règles. Et lorsqu’un procureur faisant preuve d’humanité dans le cas, par exemple, d’un jeune valet de ferme retrouvé pendu à une branche de chêne, orphelin tranquille et aux dires des témoins assez triste et regrettant la maison familiale, s’il voulait l’absoudre au bénéfice d’un doute improbable – a-t-il été étranglé avant d’être pendu – il ne pouvait en aucun cas évoquer la tristesse du jeune homme car elle était considérée comme un élément à charge.

Heureusement, la majorité des suicides ne donnait pas lieu à un procès. Comment établir en l’absence de témoins qu’une noyade est un suicide ? La position sociale constituait également une puissante protection. Aristocrates et membres du clergé pouvaient facilement s’y soustraire. Le tout venant des morts volontaires était en majorité des domestiques, la moitié au chômage ayant perdu leur identité sociale. Beaucoup de militaires, aussi et l’éventail complet des activités sociales. Un cas emblématique de ce siècle dit « des Lumières », par l’écho qu’il a eu même à l’étranger concerne le suicide « philosophique » de deux jeunes et beaux dragons le jour de Noël 1773, qui se brûlent la cervelle après avoir ripaillé de saucisses, boudin et pâté arrosés de trois bouteilles de champagne en bavardant avec la patronne et plaisantant avec la servante. Dans le « testament philosophique » qu’ils signent conjointement ils disent leur dégoût « de la scène universelle » en invitant les hommes à se défaire de leurs préjugés, notamment ceux qui concernent la mort, assurant « qu’il est aussi aisé de renoncer à l’existence que de quitter un habit dont la couleur nous déplaît ». L’affaire fera grand bruit, les Anti-Lumières s’en emparent pour dénoncer les ravages de la moderne philosophie et les deux militaires finiront au poteau d’infamie à l’issue de l’un des derniers procès du genre.

L’acte puissamment symbolique dénote une évolution des mentalités soutenue en effet par les philosophes. Dans son Système de la nature, d’Holbach défend le droit au suicide et David Hume publie son Essai sur le suicide, très vite traduit en français, même s’il réfute le précédent, la dispute étant en bonne logique la meilleure manière d’exposer les arguments de l’adversaire. Rousseau et Sade y mettront du leur et dans un autre registre, tournant le regard vers le romantisme naissant, Goethe donne à lire le roman de la mort volontaire avec Les souffrances du jeune Werther, disponible dans notre langue dès 1776. L’esprit de la Révolution complètera l’édifice, en associant l’amour de la liberté à la mort reçue ou choisie dans le combat sans merci contre la tyrannie. L’auteur ne dit pas si, de la prise de la Bastille à Thermidor en passant par la Terreur, le nombre des suicides, réputé à la hauteur de la succession rapide des événements, a toisé celui des charrettes.

Jacques Munier

http://prevention.suicide.free.fr/wp-content/uploads/Godineau_S_abreger%20les%20jours.mp3

Prison listener scheme – Business Behind Bars (2000)

L’expérience australienne des co-detenus de soutien… (+traduction FR)

Harry Papadopoulos, a prisoner in Port Phillip Prison (AUSTRALIA), explains how the prison listener scheme operates. He says that some prisoners self-harm or get distressed by upcoming court cases, family and financial matters. Harry says that they get 250 calls a month.The scheme involves prisoners listening to other prisoners.

FRANCE CULTURE (2014) « Suicide au travail : les employeurs devant la justice »

FRANCE CULTURE; Emission « Sur les docks » (09/01/2014) « Suicide au travail : les employeurs devant la justice »

Les affaires de suicide au travail sont de plus en plus souvent l’objet de plaintes contre l’employeur. La plupart du temps, les affaires sont jugées au Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale. Les victimes tentent d’y faire reconnaître le suicide en accident du travail et parfois attaquent l’employeur pour faute inexcusable. Les délais sont longs et les condamnations sont souvent jugées insuffisantes par les victimes. L’entreprise étant, au pire, contrainte à prendre à sa charge le versement de la rente attribuée en réparation aux familles…

Les familles n’hésitent plus à porter plainte au pénal contre l’employeur pour homicide involontaire, évoquant même parfois la « mise à mort » par le travail.

Quelle que soit la juridiction, chaque procès est lourd, douloureux, éprouvant, la défense n’hésitant pas à mettre en avant les fragilités personnelles du salarié. La vraie difficulté étant d’établir le lien de cause à effet entre harcèlement, surcharge de travail ou mauvaise organisation du travail et suicide.

Bien plus que de demander une réparation (impossible) la motivation des familles semble plutôt qu’on établisse la gravité des faits ainsi que la responsabilité. Ne plus avoir à faire à un management qui joue avec le moral de ses employés.

Frédérique Guillon, secrétaire de l’ASD Pro, expose les difficultés à faire reconnaître les suicides en accidents du travail