L’entretien motivationnel a été développé initialement dans l’addiction à l’alcool, et a également solidement confirmé son efficacité dans plusieurs domaines : l’utilisation du préservatif et l’observance médicamenteuse chez les patients atteints du VIH, le tabagisme, l’abus de substance, les règles hygiéno-diététiques … Proposé par William Miller en 1983, et inspiré de l’approche centrée sur la personne, de Carl Rogers, l’entretien motivationnel (EM) est un style empathique de relation au patient qui doit aider ce dernier à prendre conscience de la contradiction entre le but qu’il recherche et son comportement actuel : l’exemple typique est celui d’un sujet toxicodépendant qui souhaite recouvrer son autonomie, tout en observant mal son traitement. Le patient doit ensuite renforcer son sentiment d’efficacité personnelle, et prendre lui-même la décision de jouer le jeu en suivant la prescription du soignant. Dans une méta-analyse, E. Carruzzo et ses collaborateurs de l’université de Lausanne soulignent que plusieurs études contrôlées indiquent une efficacité de l’EM. Mais pourquoi ? Parce que, estiment ces auteurs, de nombreux travaux suggèrent que la qualité de la relation patient / thérapeute est plus importante que l’efficacité présumée de la technique thérapeutique utilisée.

Or, en instaurant un partenariat entre les deux protagonistes, l’EM renforcerait les qualités interpersonnelles du soignant par la « mise entre parenthèses » de deux attitudes : premièrement, le thérapeute renoncerait à son rôle d’expert délivrant des solutions sur la base de ses connaissances, et s’adapterait mieux au cas précis du patient. Deuxièmement, il suspendrait son « souci du diagnostic » et ne chercherait pas à étiqueter son patient, ce qui semble essentiel pour les personnes toxicodépendantes « qui ont une faible reconnaissance de leur problème ». Ces éléments favoriseraient l’engagement du patient dans la prise en charge. En dehors des troubles liés à la dépendance, l’EM est également utilisé pour les troubles du comportement alimentaire, l’observance aux traitements médicamenteux ou la réduction des comportements à risque liés au VIH, rappellent les auteurs. E. Carruzzo et al. (2009).

L’entretien motivationnel, une nouvelle « panacée » dans la prise en charge de patients toxicodépendants ? Une revue de littérature. Pratiques psychologiques, 15 (4)

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