Video de modelisation EM et opiacés (VOST)

Imaginez la situation suivante. Vous êtes médecin dans une clinique de médecine familiale . Aujourd’hui, une de vos patientes qui souffre de douleur chronique et prend de fortes doses d’un opioïde d’ordonnance a rendez-vous avec vous. Selon ce que signale la patiente, elle semble n’obtenir que des bienfaits minimes de ses opioïdes pour sa douleur et son fonctionnement1. Les données probantes limitées à notre disposition font valoir qu’un sevrage des opioïdes pourrait en réalité améliorer globalement la douleur et le fonctionnement2. Vous aimeriez proposer une réduction progressive de la dose d’opioïdes, et peut-être même un arrêt mais quand vous avez antérieurement abordé ce sujet avec votre patiente, vous avez senti sa résistance, et ce, de diverses façons : « Ce n’est pas le bon moment maintenant. » « Qui sait si je me sentirais mieux? » « Sans opioïdes, qu’est-ce qu’il me resterait? » « C’est la seule chose qui m’aide à me rendre au bout de la journée! » Que devriez-vous faire? Y a-t-il une façon pour inciter votre patiente à accepter l’idée que le sevrage de ses opioïdes pourrait lui apporter des bienfaits? Comment pouvez-vous aider votre patiente à décider d’essayer le sevrage des opioïdes? L’entretien motivationnel est l’une des approches possibles. Cette technique encourage les patients à formuler leurs propres raisons de changer et explore les divergences entre les arguments en faveur et contre le changement3. Pour aider les patients ambivalents ou résistants au changement, elle fait appel à 3 compétences en communication : savoir écouter, questionner et informer. L’entretien motivationnel repose sur le principe de la collaboration, de l’évocation et du respect de l’autonomie du patient. De nombreux professionnels de la santé ont déjà les compétences voulues pour écouter, questionner et informer. L’approche motivationnelle est simplement une application plus pointue de ces compétences dans le but précis de favoriser des changements comportementaux. Le recours à cette approche peut sembler à la fois familier et difficile, surtout dans les interactions épineuses, c’est-à-dire celles qui deviennent conflictuelles ou ressemblent à une argumentation. Dans de tels cas, l’approche motivationnelle offre de nouveaux outils de communication. À la longue, les professionnels de la santé qui ont recours à l’approche motivationnelle signalent des interactions plus satisfaisantes et efficaces avec leurs patients. Pour lire un script d’EM avec un patient dependant aux opiodes:

Pour lire un script d’EM avec un patient dependant aux opiodes: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/arti…

Entretien motivationnel: persuasion et réactance: la réponse « oui mais… »!

Le réflexe correcteur En tant que professionnel, notre motivation à aider l’autre est altruiste. Malheureusement, dans notre désir de faire le bien, nous allons naturellement être amenés à formuler nous-mêmes les arguments au changement. Mais cela selon nos propres représentations! Le désir de vouloir aider l’autre, nous pousse souvent à être trop directifs. Ce type de discussion diminue l’autonomie du patient. Sa réaction naturelle va être de contre-argumenter en renforçant les arguments du non-changement. « Si vous voulez ne plus avoir mal aux genoux, il faut que vous ré-entraînez vos muscles en utilisant les escaliers plutôt que l’escalator, en descendant une station de bus plus tôt, en faisant une activité physique quotidienne etc. » « Cela me demanderait trop de temps, je risquerais d’être en retard au travail. Et j’arriverais déjà épuisé » Ce désir de réparer ce qui nous semble ne pas fonctionner en imposant une solution s’appelle le réflexe-correcteur. Dans la pratique de l’EM, ce réflexe contre-productif est à éviter.

William Miller: utliser le modèle transthéorique du changement en EM

Les entretiens motivationnels peuvent être conduits en se référant aux stades de changements de la personne consommatrice décrits dans le cercle de Prochaska et Di Clemente.

Dans cette approche, à chaque stade, l’intervenant  adapte son discours aux représentations de la personne sur son comportement problématique, de façon à induire un passage au stade suivant.

Les stades de changement peuvent être décrits comme suit.

  1. Pré-contemplation Le patient ne pense pas avoir de problèmes avec sa consommation. Il n’envisage pas de changer de comportement, dont il ressent essentiellement les bénéfices. Attitude du professionnel : transmettre quelques informations dans une stratégie de réduction des risques. Cela peut être abordé sous forme de questions : « comment faites-vous pour réduire les risques  de dépendance ? pour limiter les effets nocifs comme les troubles de la mémoire par exemple ? »
  2.  Contemplation: À ce stade commence à se manifester l’ambivalence. la personne envisage un changement de comportement, mais il hésite à renoncer aux bénéfices de la situation actuelle. On parle alors de balance décisionnelle, qui amène à comparer les pour et les contre d’un changement avec ceux de son comportement actuel. Attitude du professionnel : s’appuyer oar exemple sur les divergences entre le comportement et les valeurs de la personne (enfants, travail, famille, études, santé mentale…) ; évaluer les risques et les avantages de la consommation ; reconnaître l’ambivalence et évoquer les raisons de changer
  3.  Préparation/détermination: À ce stade, la personne se sent prête à démarrer la phase d’action dans un futur proche ; elle détermine des décisions et commence à les mettre en place dans le temps. Attitude du professionnel : valoriser toute décision de changement; aider à trouver une bonne stratégie : établir des plans, fixer des buts et déterminer les ressources nécessaires pour appuyer les interventions définies
  4. Action: Le changement est engagé vers des modifications de son style de vie. Les difficultés sont importantes. Attitude du professionnel : soutenir et encourager la personne pour l’aider à avancer.
  5. Maintien À cette phase de consolidation, il convient de rester prudent car les tentations sont nombreuses de retourner au comportement problématique. Attitude du professionnel : ex: faire une liste des situations à risque de « rechute »; préparer un système d’alarme en cas de rechute ; valoriser les efforts
  6. Rechute La rechute est possible et fait partie du processus normal de changement. Ce n’est pas une manifestation pathologique mais un temps qui peut être nécessaire à la réussite finale du processus. Attitude du professionnel :  dédramatiser ; être tolérant ; réunir les réseaux de soutien
  7.  Sortie permanente Ce stade marque la réussite finale du processus dans lequel la personne consolide le stade de maintien.

EM: qu’est-ce qui ne fonctionne pas avec la persuasion ? (avec William Miller) (VOST)

Quelles peuvent être les conséquences d’essayer de convaincre un patient de changer son point de vue avec nos explications, ou encore de modifier son comportement en suivant nos recommandations ? En tant que professionnel, notre motivation à aider l’autre est altruiste. Malheureusement, dans notre désir de faire le bien, nous allons naturellement être amenés à formuler nous-mêmes les arguments au changement. Mais cela selon nos propres représentations ! Le désir de vouloir aider l’autre, nous pousse souvent à être trop directifs. Ce type de discussion diminue l’autonomie du patient. Sa réaction naturelle va être de contre-argumenter en renforçant les arguments du non-changement. « Si vous voulez ne plus avoir mal aux genoux, il faut que vous ré-entraînez vos muscles en utilisant les escaliers plutôt que l’escalator, en descendant une station de bus plus tôt, en faisant une activité physique quotidienne etc. » « Cela me demanderait trop de temps, je risquerais d’être en retard au travail. Et j’arriverais déjà épuisé » Ce désir de réparer ce qui nous semble ne pas fonctionner en imposant une solution s’appelle le réflexe-correcteur. Dans la pratique de l’EM, ce réflexe contre-productif est à éviter.

 

L’EM et l’addiction (avec Willliam Miller) (VOST)

L’entretien motivationnel a été développé initialement dans l’addiction à l’alcool, et a également solidement confirmé son efficacité dans plusieurs domaines : l’utilisation du préservatif et l’observance médicamenteuse chez les patients atteints du VIH, le tabagisme, l’abus de substance, les règles hygiéno-diététiques … Proposé par William Miller en 1983, et inspiré de l’approche centrée sur la personne, de Carl Rogers, l’entretien motivationnel (EM) est un style empathique de relation au patient qui doit aider ce dernier à prendre conscience de la contradiction entre le but qu’il recherche et son comportement actuel : l’exemple typique est celui d’un sujet toxicodépendant qui souhaite recouvrer son autonomie, tout en observant mal son traitement. Le patient doit ensuite renforcer son sentiment d’efficacité personnelle, et prendre lui-même la décision de jouer le jeu en suivant la prescription du soignant. Dans une méta-analyse, E. Carruzzo et ses collaborateurs de l’université de Lausanne soulignent que plusieurs études contrôlées indiquent une efficacité de l’EM. Mais pourquoi ? Parce que, estiment ces auteurs, de nombreux travaux suggèrent que la qualité de la relation patient / thérapeute est plus importante que l’efficacité présumée de la technique thérapeutique utilisée.

Or, en instaurant un partenariat entre les deux protagonistes, l’EM renforcerait les qualités interpersonnelles du soignant par la « mise entre parenthèses » de deux attitudes : premièrement, le thérapeute renoncerait à son rôle d’expert délivrant des solutions sur la base de ses connaissances, et s’adapterait mieux au cas précis du patient. Deuxièmement, il suspendrait son « souci du diagnostic » et ne chercherait pas à étiqueter son patient, ce qui semble essentiel pour les personnes toxicodépendantes « qui ont une faible reconnaissance de leur problème ». Ces éléments favoriseraient l’engagement du patient dans la prise en charge. En dehors des troubles liés à la dépendance, l’EM est également utilisé pour les troubles du comportement alimentaire, l’observance aux traitements médicamenteux ou la réduction des comportements à risque liés au VIH, rappellent les auteurs. E. Carruzzo et al. (2009).

L’entretien motivationnel, une nouvelle « panacée » dans la prise en charge de patients toxicodépendants ? Une revue de littérature. Pratiques psychologiques, 15 (4)

L’EM pour traiter l’addiction (avec William Miller) (VOST)

Le « motivational interviewing », ou entretien motivationnel, est une approche « evidence based » reposant sur « le traitement centré sur le sujet » qui s’efforce de surmonter les difficultés qui empêchent bon nombre de gens d’apporter des changements productifs dans leur vie. Il repose sur l’idée que les gens ont en eux le potentiel de changer, beaucoup de changements se produisent d’ailleurs sans aide extérieure. L’entretien motivationnel n’est certes pas une formule miracle permettant de résoudre une fois pour toutes les problèmes de l’addiction.

C’est cependant une méthode efficace, démontrée, qui permet un changement d’attitude chez la personne en la rendant acteur du changement, ne subissant plus autant son mal, et chez l’intervenant en le débarrassant de son sentiment d’impuissance, source de déception et d’épuisement professionnels. Il s’agit bien plus que de prendre beaucoup de temps en plus, de développer une autre atmosphère, faisant de la rencontre une chance plutôt qu’un rendez-vous raté. Cette façon de se comporter ne s’adresse pas qu’aux problèmes de dépendance. Le champ d’application s’étend particulièrement aux affections chroniques, psychiques et médicales et le champ de la justice.

L’Entretien motivationnel et les addictions

L’Entretien Motivationnel (EM) sert à inciter les patients à mettre en place les changements que demande la Prévention de la Rechute. Face à l’ambivalence qui peut être présente à tout moment, les techniques de l’EM permettent d’éviter de « prendre parti », ce qui pourrait renforcer le patient dans ses résistances. Il est important que le thérapeute ne suive pas son propre raisonnement mais suive le patient sur son chemin propre, dans l’idée du rétablissement qui sera le sien.

Selon Rollnick et al. (2018), la motivation est la probabilité qu’un individu fasse, maintienne et adhère à un changement spécifique. Les trois composantes majeures pouvant définir la motivation sont l’importance accordée au changement (« j’ai envie de changer »), la confiance dans la capacité à changer (« je suis capable ») et la disposition au changement (« je suis prêt »). Ce sont ces trois composantes que l’on va travailler avec l’EM. Cela permettra de maximiser les probabilités de changement. Dans le cadre de la Prévention de la Rechute, l’EM est utilisé pour entretenir la motivation. On va la renforcer en s’appuyant sur le discours changement du patient. Une des premières étapes va être de repérer le discours-changement chez le patient…