Données actualiées sur le suicide par le CépiDc de l’INSERM

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Le lien vers les données actualiés:

https://www.cepidc.inserm.fr/publications-scientifiques?search_api_fulltext=suicide+france

ZHONG, FAZEL et al. (2021) Facteurs de risque de suicide en milieu carcéral : revue systématique et méta-analyse

Facteurs de risque de suicide en milieu carcéral : revue systématique et méta-analyse (The Lancet)

Shaoling Zhong, Morwenna Senior, Rongqin Yu, Amanda Perry, Keith Hawton, Jenny Shaw, Seena Fazel

Résumé

Contexte

Les taux de suicide chez les personnes incarcérées sont élevés par rapport aux personnes d’âge et de sexe similaires qui vivent dans la communauté. Pour améliorer les évaluations et les interventions visant à réduire le risque de suicide, il faut disposer de données actualisées sur les facteurs de risque.
Notre objectif était d’examiner les facteurs de risque associés au suicide chez les détenus.

Méthodes

Nous avons réalisé une revue systématique et une méta-analyse actualisées des facteurs de risque de suicide chez les personnes incarcérées. Nous avons recherché dans cinq bases de données bibliographiques les articles publiés entre le 1er janvier 2006 et le 13 août 2020, et dans une base de données les articles publiés entre le 1er janvier 1973 et le 13 août 2020. Les études éligibles ont rapporté les facteurs de risque chez personnes décédées par suicide en prison et chez des témoins issus de la population carcérale générale. Deux examinateurs ont indépendamment extrait les données de chaque étude à l’aide d’un formulaire standardisé. Nous avons calculé les rapports de cotes (OR) regroupés à effets aléatoires pour l’association entre les facteurs de risque et les facteurs de risque. Nous avons calculé des rapports de cotes à effets aléatoires pour l’association du suicide avec des facteurs de risque démographiques, cliniques, criminologiques et institutionnels, et nous avons étudié l’hétérogénéité à l’aide d’analyses de sous-groupes et de méta-régression. Cette revue systématique est enregistrée auprès de PROSPERO, CRD42020137979.

Résultats

Nos recherches ont permis d’identifier 8041 enregistrements et d’utiliser 77 études éligibles provenant de 27 pays, y compris 35 351 suicides, dans l’analyse principale. Les facteurs cliniques les plus fortement associés au suicide étaient:

  • les idées suicidaires pendant la période d’incarcération actuelle (OR 15-2, 95% CI 8-5-27-0),
  • un antécédent de tentative de suicide (OR 8-2, 4-4-15-3),
  • et un diagnostic psychiatrique actuel (OR 6-4, 3-6-11-1).

Les facteurs institutionnels associés au suicide comprenaient:

  • l’occupation d’une cellule unique (OR 6-8, 2-3-19-8)
  • et l’absence de visites sociales (OR 1-9, 1-5-2-4).

Les facteurs criminologiques comprenaient :

  • le statut de prévenu (OR 3-6, 3-1-4-1),
  • le fait de purger une peine à perpétuité (OR 2-4, 1-3-4-6),
  • et le fait d’avoir été condamné pour un délit violent, en particulier l’homicide (OR 3-1, 2-2-4-2).

Interprétation

Plusieurs facteurs de risque modifiables, tels que le diagnostic psychiatrique, les idées suicidaires au cours de la période de détention actuelle et la cellule unique, ont été identifiés.
l’occupation d’une seule cellule, sont associés au suicide chez les personnes incarcérées. Les interventions devraient cibler ces facteurs de risque et inclure un meilleur accès à des soins de santé mentale fondés sur des données probantes. La compréhension d’autres facteurs associés au suicide pourrait améliorer la stratification des risques et l’allocation des ressources dans les services pénitentiaires.

Financement

Wellcome Trust, National Institute for Health Research Applied Research Collaboration Oxford and
Thames Valley

https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S2468-2667%2820%2930233-4

Cours en ligne sur la prévention du suicide (CSCSP)

Cours en ligne sur la prévention du suicide (Centre suisse de compétence en matière d’exécution des sanctions pénales)

L’objectif du programme de formation interactif « Prévention du suicide » est, dans un premier temps, de sensibiliser le personnel à cette thématique. Comment détecter les facteurs de risque suicidaire et comment prendre les mesures de prévention appropriées ?

  • Structure : À l’aide d’informations, d’études de cas et d’exercices, les participant·e·s en ligne sont sensibilisé·e·s au repérage des situations de détention dans lesquelles le risque de suicide peut être accru.
  • Langues disponibles : français, allemand, italien
  • Durée : env. 30 minutes
  • Contact : Nadia Baggenstos, Nora Affolter

Vers la plateforme d’e-learning

Ressources documentaires suisses supplémentaires sur la prevention du suicide en détention:

Suicide et automutilations- campagne de prevention de l’APA (VOST)

(Pensez à activer les sous-titres en français)

Si vous ou un proche pensez au suicide, rappelez-vous que vous n’êtes PAS seul et que de l’aide est disponible. Deuxième cause de décès (après les accidents) chez les personnes âgées de 10 à 34 ans, le suicide est un grave problème de santé publique.

En 2020, aux États-Unis, plus de 45 000 personnes sont mortes par suicide. On estime que 1,4 million d’adultes font une tentative de suicide chaque année, selon les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Plus d’une personne sur cinq décédée par suicide avait exprimé son intention de se suicider. Les hommes sont plus de trois fois plus susceptibles que les femmes de s’enlever la vie. Les armes à feu (aux etats-unis) sont la méthode la plus courante de suicide (utilisées dans environ la moitié des suicides). Pourtant, le suicide peut être évité.

Connaître les facteurs de risque et reconnaître les signes avant-coureurs du suicide peut aider à le prévenir. Facteurs de risque, signes d’alerte et facteurs de protection: Le suicide est lié aux troubles mentaux, en particulier à la dépression et aux troubles de la consommation d’alcool, et le plus fort facteur de risque de suicide est une tentative de suicide antérieure. Le Suicide Prevention Resource Center définit les facteurs de risque et de protection et les signes d’alerte : Les facteurs de risque sont des caractéristiques qui rendent plus probable qu’un individu envisage, tente ou meure par suicide. Les signes d’alerte indiquent un risque immédiat de suicide. Les facteurs de protection sont des caractéristiques qui rendent moins probable le fait qu’une personne envisage, tente ou meure par suicide. Facteurs de risque de suicide:

Certains événements et circonstances peuvent augmenter le risque (pas dans un ordre particulier, sauf le premier).

  • Tentative(s) de suicide antérieure(s)
  • Des antécédents de suicide dans la famille
  • Abus de substances (drogue/alcool)
  • Troubles de l’humeur (dépression, trouble bipolaire)
  • Accès à des moyens létaux (par exemple, garder des armes à feu à la maison)
  • Pertes et autres événements (par exemple,
  • rupture d’une relation ou décès,
  • échecs scolaires,
  • difficultés juridiques,
  • difficultés financières, intimidation)
  • Antécédents de traumatisme ou d’abus
  • Maladie physique chronique, y compris la douleur chronique
  • l’exposition au comportement suicidaire d’autres personnes.
  • Dans certains cas, un facteur de stress récent ou un événement catastrophique soudain, un échec ou peut laisser les gens se sentir désespérés, incapables de voir une issue, et devenir un « point de basculement » vers le suicide.

 

Learn more about suicide prevention at www.psychiatry.org/suicide

SUICIDE: Mesurer l’impact de la crise sanitaire liée au Covid-19

SUICIDE: Mesurer l’impact de la crise sanitaire liée au Covid-19, Effets contrastés au sein de la population et mal-être chez les jeunes
(5
e RAPPORT / SEPTEMBRE 2022) Valentin Berthou, Aristide Boulch, Monique Carrière, Hadrien Guichard,
Jean-Baptiste Hazo, Adrien Papuchon, Charline Sterchele et Valérie Ulrich (DREES)

https://www.unps.fr/unps_images/documents/ons-5eme-rapport-covid19.pdf

Dès les premières semaines de la pandémie de Covid-19, certains experts de la prévention du suicide se sont inquiétés d’une possible augmentation des conduites suicidaires à court terme ou plus long terme, sous l’effet de la pandémie elle-même et de certaines consignes sanitaires émises pour limiter son expansion. De fait, les mesures de confinement,la limitation des déplacements et des activités, la fermeture de nombreux lieux, ainsi que l’engorgement du système de soins et plus globalement le contexte sanitaire et social ont alimenté de multiples facteurs de risque : isolement, rupture de prise en charge des troubles psychiques, dégradation de la santé physique et psychologique, sédentarité subie, incertitude, sentiment d’insécurité, violences intrafamiliales, confinement dans des logements de faible surface, augmentation de la consommation d’alcool, perte d’emploi ou – au contraire– surcharge de travail, diminution ou perte de revenus, par exemple. Toutefois, les premières données collectées sur la situation française en 2020, confirmées par celles recueillies dans d’autres pays de niveau économique similaire, semblent avoir infirmé ces craintes, du moins celles concernant l’impact immédiat de l’épidémie sur les conduites suicidaires.
Malgré une hausse des symptômes d’anxiété, de dépression et des problèmes de sommeil
identifiée dès les premières semaines de l’épidémie, les décès par suicide semblent avoir diminué pendant les épisodes de confinement de 20201. De même, par rapport à l’année précédente, les hospitalisations pour lésion auto-infligée diminuent pendant le confinement du printemps 2020 et au cours de l’été suivant. En revanche, à partir du deuxième trimestre de 2020, ce nombre augmente très sensiblement pour les adolescentes et jeunes femmes,a contrario du reste de la population. La diminution des hospitalisations pour geste suicidaire au premier semestre de 2020 interroge : comment expliquer cette baisse,même temporaire, alors que le contexte général est marqué par une nette dégradation de la santé mentale ?
La situation de péril collectif vécue en début de pandémie pourrait, au même titre que les
guerres, avoir engendré un fort sentiment de cohésion sociale et celui d’être moins singulier et responsable de sa situation difficile, à certains égards protecteurs par rapport au risque de suicide. De façon inattendue, certains aspects des mesures de lutte contre l’épidémie ont aussi pu participer à une atténuation du risque suicidaire. Par exemple, au cours des périodes de confinement ou sous l’effet du chômage partiel, le temps passé avec les proches a augmenté pour beaucoup de Français : les parents ont, dans certains cas, été plus disponibles pour leurs enfants et pour leurs adolescents ; le travail à distance, pour ceux qui étaient concernés, a parfois protégé de certains risques psychosociaux ; la diminution du temps de transport, enfin, a pu se traduire par une moindre fatigue pour une partie de la population. De plus, en lien direct avec la crise suicidaire, les épisodes de confinement ont été caractérisés par une plus grande surveillance des proches et par un moindre accès aux moyens létaux. Lors du premier confinement, certaines formes d’adversité et d’insécurité, grandes pourvoyeuses de détresse psychique, ont en outre baissé. Enfin, il faut saluer la poursuite, malgré la crise, des soins délivrés aux personnes déjà prises en charge pour des troubles psychiatriques (par des consultations à distance par exemple).
La santé mentale de la population dans son ensemble s’est donc dégradée rapidement dès
le début du premier confinement, sans forcément se traduire par une hausse immédiate des conduites suicidaires. Ces tendances moyennes ne doivent cependant pas occulter les inégalités existantes dans les conditions et les vécus des épisodes de confinement. Tandis que certaines catégories de la population ont bénéficié de l’aide de leur entourage et de conditions de vie relativement peu stressantes, d’autres, notamment les travailleurs dits « de première ligne » et les personnes vivant dans des logements sur occupés ou de faible qualité ont, au contraire, connu un stress professionnel exacerbé, une peur accrue d’être contaminées et une dégradation globale de leurs conditions de vie. De plus, certains ont souffert d’être confinés seuls ou au contraire dans un environnement familial délétère, voire violent.
Ces évolutions doivent être interprétées dans le cadre d’une tendance générale à la baisse
des conduites suicidaires, observable depuis les années 1980, et dont la persistance à l’issue de la pandémie reste à confirmer. La situation pourrait évoluer défavorablement en raison de la dégradation de l’état de santé mentale de la population et d’éventuelles conséquences négatives d’une crise sanitaire qui perdure, combinée à une situationsocio-économique difficile. Les périodes de récession économique sont souvent accompagnées d’une hausse des conduites suicidaires, en particulier chez les hommes en âge de travailler2, avec des conséquences à moyen terme qualifiées d’« effets rebonds ». Les résultats globaux peuvent aussi masquer des réalités différentes selon les sous-populations,avec notamment un accroissement des inégalités face au risque suicidaire déjà souligné parles premiers travaux publiés. Dans ce contexte, les personnes déjà vulnérables pourraient développer des conduites suicidaires plus importantes des suites de cette pandémie, dont les conséquences ont notamment frappé plus durement les jeunes, les femmes, les familles monoparentales et les personnes en situation de précarité.

plus d’info sur: https://www.unps.fr

Suicide Intervention Response Inventory (Inventaire des Réponses en Intervention auprès d’une personne suicidaire)

Suicide Intervention Response Inventory (Inventaire des Réponses en Intervention auprès d’une personne suicidaire)

L’inventaire des réponses en Intervention auprès d’une personne suicidaire est conçu pour évaluer la capacité des paraprofessionnels (ainsi que des professionnels) à reconnaître et à répondre aux déclarations suicidaires. (Neimeyer R.A. & Maclnnes, 1981)

Il comprend 25 items, dont chacun représente un extrait d’une séance de conseil, et deux réponses potentielles.
SIRI V1 : L’utilisateur doit choisir la réponse la plus appropriée (A ou B)
SIRI V2 : L’utilisateur doit classer les réponses à chaque extrait de 3 (hautement approprié) à -3 (hautement inapproprié).
Le SIRI a été créé par Robert Neimeyer, et validé par Neimeyer & Hartley en 1986. Il est actuellement utilisé dans le cours de suicide LivingWorks, qui enseigne la gestion avancée des cas de suicide.

Cotation SIRI1 :
SIRI 1 – Le SIRI implique l’utilisation d’une grille de cotation indiquant laquelle des réponses est la plus appropriée des deux. Tant que l’utilisateur du test a indiqué la réponse correcte comme étant plus adaptée, il marque un point. Si il a coté les deux réponses comme étant identiques, comptez-les comme une réponse incorrecte. Un score plus élevé indique une meilleure capacité d’intervention en cas de suicide.

Cotation SIRI 2 :
Les items représentent une série d’extraits de séances de counseling. Chaque extrait commence par une expression du sujet concernant un aspect de la situation à laquelle il ou elle fait face, suivi de deux réponses possibles de l’aidant à la remarque de l’aidé. Vous devez évaluer combien chaque réponse est appropriée ou inappropriée vis-à-vis de l’aidé : Dans la colonne vous devez attribuer une note de -3 à +3, correspondant à ces critères.  Pour coter la version révisée du SIRI (SIRI-2), calculez simplement la différence (en tenant compte du signe) entre la note du répondant pour chaque item et la note moyenne attribuée par le groupe d’experts en suicidologie. Le score total sur le SIRI-2 représente donc l’écart total entre les cotes individuelles et celles des panélistes pour tous les éléments. L’item 14 s’est avéré être psychométriquement ambigu dans l’étude de validation, et il est donc recommandé son exclusion du SIRI-2. Contrairement au SIRI original. dont les scores vont de 0 à 25, avec des scores plus élevés représentant des degrés plus élevés de compétence, les scores sur la version révisée couvrent une gamme beaucoup plus large et représentent les degrés de variation d’un hypothétique score idéal. Par conséquent, les scores plus élevés traduisent une compétence moindre (et pas l’inverse) dans la reconnaissance de réponses aidantes et facilitatrices face à un individu suicidaire.

Suicide Intervention Response Inventory

Guides de la série « 13 Reasons Why » pour amorcer la discussion parents/enfants

Les acteurs de 13 Reasons Why évoquent le harcèlement et les nombreuses formes qu’il peut prendre. Ces six vidéos abordent les sujets difficiles de la série et expliquent où trouver des informations si vous avez besoin d’aide. Si vous-même ou l’un de vos proches souhaitez consulter des ressources de gestion de crise, rendez-vous sur le site http://www.13ReasonsWhy.info

French-13-Reasons-Why-Guide-de-discussion

French-13-Reasons-Why-Guide-de-discussion


La détresse sous-estimée des Canadiens endeuillés par le suicide

La détresse sous-estimée des Canadiens endeuillés par le suicide

Selon l’OMS, une dizaine de personnes est profondément touchée par chaque suicide. Cela signifie que 40 000 Canadiens et 10 000 Québécois sont affectés par le suicide chaque année.

Retrouvez l’intégralité de cet article ici

Victoria Carmichael Gestionnaire du Groupe de recherche et d’intérêt en psychiatrie sociale (SPRING) à l’Institut Douglas 

Les survivants doivent souvent porter ce qu'on appelle le «deuil par suicide», une forme particulière de deuil et d'adaptation après le décès d'un membre de la famille, d'un ami ou d'un contact étroit.

Les survivants doivent souvent porter ce qu’on appelle le «deuil par suicide», une forme particulière de deuil et d’adaptation après le décès d’un membre de la famille, d’un ami ou d’un contact étroit.

Le suicide demeure un grave problème de santé publique au Canada et au Québec. Près de 4000 Canadiens décèdent par suicide chaque année, dont le tiers est survenu au Québec. Malheureusement, pour chaque suicide complété, il y a beaucoup plus de personnes qui en sont touchées.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une dizaine de personnes sont profondément touchées par chaque suicide, également appelées «survivants au suicide». Cela signifie que 40 000 Canadiens et 10 000 Québécois sont profondément touchés par le suicide chaque année.

Les survivants doivent souvent porter ce qu’on appelle le «deuil par suicide», une forme particulière de deuil et d’adaptation après le décès d’un membre de la famille, d’un ami ou d’un contact étroit.

De nombreuses recherches ont été menées sur le deuil par suicide dans différents groupes, y compris les conjoints, les parents et les frères et sœurs. Fait important, cette recherche montre que le deuil par suicide est associé à de nombreux effets négatifs sur la santé mentale, à des problèmes de santé physique comme la cirrhose et les problèmes de sommeil, au mauvais fonctionnement scolaire et professionnel et à des retards dans l’accès aux services et soutiens.

Des risques plus importants pour certains groupes

Certains groupes sont plus à risque d’avoir des problèmes de santé mentale, notamment le suicide. En effet, les partenaires et les conjoints de personnes suicidées sont particulièrement à risque par rapport à d’autres groupes, en particulier les hommes qui sont également moins susceptibles de demander de l’aide. De plus, les recherches indiquent que les mères qui ont perdu un enfant par suicide courent un plus grand risque de suicide que les pères.

Ces résultats psychologiques, sociaux et de santé négatifs ont amené certains chercheurs à s’interroger sur pourquoi cette forme de deuil est associée à un si mauvais bien-être et à un si mauvais fonctionnement. L’une des explications concerne la nature du suicide; en particulier, le fait que ces décès, d’une manière générale, sont plus traumatisants en raison de leur nature souvent inattendue et violente.

La stigmatisation est une autre explication. La stigmatisation se divise souvent en deux grandes catégories: la stigmatisation externe, ou les opinions stigmatisantes du grand public, et la stigmatisation interne, ou la honte et la discrimination ressenties par les personnes touchées.

Les stigmatisations

Des études montrent qu’il existe des niveaux élevés de stigmatisation externe à l’égard des familles des victimes de suicide. Les personnes en deuil par suicide signalent également des niveaux élevés d’autostigmatisation, ce qui peut mener à l’isolement, à la honte et à des sentiments de rejet. Notamment, la stigmatisation perçue, ou la conscience subjective des opinions stigmatisantes des autres, a été provisoirement liée aux taux élevés de suicide observés chez les adultes endeuillés par le suicide.

Les taux de suicide au Canada ont augmenté dans divers groupes démographiques, plus particulièrement chez les femmes et les jeunes.

L’expérience du deuil suite à un suicide exige donc une plus grande attention de la part des décideurs et des fournisseurs de soins de santé, surtout à la lumière des tendances actuelles en matière de suicide et des changements sociaux. En fait, les taux de suicide au Canada ont augmenté dans divers groupes démographiques, plus particulièrement chez les femmes et les jeunes.

De même, notre société connaît des changements sociaux rapides qui peuvent aggraver les expériences de suicide des personnes endeuillées. D’éminents sociologues ont souligné que notre société est devenue de plus en plus individualiste, avec moins de mariages, plus de divorces et un plus grand nombre de personnes vivant seules. Cette individualisation peut présenter des défis uniques pour les personnes endeuillées par suicide, en particulier les personnes âgées et les adolescents qui connaissent des taux élevés de solitude.

Les progrès technologiques récents peuvent également augmenter le nombre de personnes touchées par le suicide. La recherche empirique suggère que le nombre de personnes exposées au suicide est significativement plus élevé que l’estimation de l’OMS. En effet, une étude a révélé qu’environ 135 d’entre elles sont exposées à chaque suicide (ils connaissaient la personne décédée), dont six connaissent un bouleversement majeur dans leur vie quotidienne et 26 ont besoin de soutien ou de services.

L’impact des réseaux sociaux a tendance à être beaucoup plus important que la vie réelle. Ainsi, Internet et les médias sociaux peuvent augmenter le nombre de personnes exposées au suicide, bien que ces communautés en ligne peuvent aussi transformer l’expérience généralement négative du deuil par suicide en une expérience plus positive et partagée. Certains peuvent partager leur deuil en ligne pour faire face à leur perte, tandis que d’autres peuvent créer un mémorial en ligne pour quelqu’un qui est décédé par suicide, comme une forme de deuil collectif, par exemple.

Les résultats sociaux et de santé négatifs, associés au deuil à la suite d’un suicide, et conjugués à l’augmentation des taux de suicide et à des changements sociétaux, signifient que nous devons accorder une plus grande attention au bien-être des Canadiens endeuillés par le suicide. Nous avons tous un rôle à jouer pour soutenir et protéger les vulnérables de la société.

Êtes-vous dans une situation de crise? Vous avez besoin d’aide? Si vous êtes au Canada, trouvez des références web et des lignes téléphoniques ouvertes 24h par jour, dans votre province en cliquant sur ce lien.