Suicide en prison: la France comparée à ses voisins européens (2009)

Suicide en prison: la France comparée à ses voisins européens (Géraldine Duthé, Angélique Hazard, Annie Kensey , Jean-Louis Pan Ké Shon- 2009)

Contrairement aux idées reçues, la surpopulation carcérale et le suicide n’évoluent pas de façon parallèle. Le taux global d’occupation des établissements pénitentiaires, calculé en rapportant le nombre de personnes écrouées à la capacité effective d’hébergement dans l’ensemble des établissements pénitentiaires, a diminué durant les années 1990, passant au-dessous du seuil de 100 détenus pour 100 places début 2001. Il a augmenté depuis jusqu’à 119 détenus pour 100 places en janvier 2008. Alors que le taux d’occupation des établissements pénitentiaires diminue au début des années 1990, le taux de suicide augmente. Et lorsque le taux d’occupation augmente à partir de 2002, celui du suicide a tendance à diminuer.

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OMS (2002) Deuil et suicide: Indications pour la mise en place d’un groupe de soutien à ceux qui restent

OMS (2002) Deuil et suicide: Indications pour la mise en place d’un groupe de soutien à ceux qui restent

DE L’IMPORTANCE DES GROUPES DE SOUTIEN
Que sont les groupes de soutien ?
Il s’agit d’un groupe de personnes qui sont directement et personnellement affectés par un problème, une situation ou une inquiétude particulière. Ils sont dirigés par les membres de leur groupe, ce qui veut dire que ceux qui sont directement affectés par le problème sont les mêmes que ceux qui contrôlent les activités et les priorités de ce groupe. Si un grand nombre de ces groupes reçoivent une assistance extérieure des professionnels de santé ou d’autres groupes par exemple, leurs membres ont tout pouvoir de décision.
HISTORIQUE
Il est prouvé de façon certaine que les groupes de soutien constituent des moyens puissants et constructifs d’entraide. Il a été démontré que les groupes contribuent à l’obtention de résultats positifs pour leurs participants. Il semble que la tendance des individus à se réunir et à former de tels groupes soit en augmentation.
La raison de la mise en place de ces groupes vient de deux sources :
• de personnes aux besoins restés sans réponse ;
• de services officiels afin de fournir une assistance et un soutien complémentaire.

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Conseils sur la conduite à tenir en cas de suicide d’un salarié sur le lieu de travail (2009)

Conseils sur la conduite à tenir en cas de suicide d’un salarié sur le lieu de travail (document réalisé par un des groupe de travail formé à la suite du rapport de messieurs Nasse et Légeron au Ministre du Travail) – 2009

sante-au-travailEn cas de suicide, la rapidité et la justesse des actions mises en place seront déterminantes pour l’entreprise et ses salariés. Cet acte de désespoir peut en effet générer, en interne comme à l’extérieur de l’entreprise, une crise plus ou moins grave en déstabilisant ou fragilisant les salariés et le management et en dégradant le climat social. A la surprise, à la tristesse et au choc émotionnel provoqué par l’acte suicidaire peuvent succéder, dans les jours suivants, une perte de confiance dans l’entreprise, un sentiment d’abandon voire de culpabilité pour certains. Dans les semaines qui suivent, si la crise n’est pas correctement gérée, des conflits peuvent émerger et l’image de l’entreprise s’en trouverait sérieusement altérée.
Dans ces circonstances, il est conseillé de mettre en place un plan d’actions et de communication adapté, s’appuyant si possible sur une cellule de crise dont la mission sera de coordonner les interventions. Cette cellule pourrait être activée pour tous les accidents mortels susceptibles de se produire dans l’entreprise.

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INSERM (2008) Autopsie psychologique, Mise en oeuvre et démarches associées

INSERM (2008) Autopsie psychologique, Mise en oeuvre et démarches associées

Principes de l’autopsie psychologique
Dès le milieu du XIX e siècle, des méthodes ont été recherchées dans différents pays afin d’identifier les éventuels facteurs de risque et évènements déclenchant du suicide. Il s’agissait de dépasser le simple recours aux données de mortalité, muettes sur ces facteurs, et de formuler les principes d’une méthode issue de celles auxquelles faisaient appel les medical officers aux États-Unis, puis les coroners en Grande-Bretagne ou dans les pays nordiques, devant un cas de mort suspecte (open verdict), méthode devant être adaptée au contexte du suicide.  La méthode a été développée aux États-Unis, puis dans quelques pays principalement nordiques (Inserm, 2005). À l’origine, une série d’entretiens intensifs auprès des proches d’une personne décédée dans des circonstances mal définies a été conduite en vue de reconstituer les circonstances sociologiques et psychologiques associées au décès. C’est à Farberow et Schneidman que l’on attribue l’utilisation, en 1961, des termes d’« autopsie psychologique », procédé dont l’intérêt pour la recherche en France a été souligné par le Professeur Védrinne (1989), psychiatre à l’Institut médicolégal (IML) de Lyon. Au cours de ces entretiens, de très nombreux domaines peuvent être abordés :
• les circonstances de l’acte (préparation, préméditation, moyens utilisés, rédaction de lettres d’adieu…) ;
• l’histoire familiale depuis l’enfance ;
• l’environnement social (le monde relationnel, le support social récent ou l’isolement) ;
• le parcours de vie ;
• la santé physique et/ou mentale ;
• les événements de vie négatifs ou positifs ;
• les conditions de travail ;
• les antécédents de conduites suicidaires ;Autopsie psychologique – Mise en œuvre et démarches associées
• les éventuels contacts avant le geste suicidaire (avec les services de soins ou d’aide avant le passage à l’acte) ;
• la réaction des proches au suicide.
L’objectif est de tenter de comprendre ce qui, dans un passé plus ou moins récent, a pu conduire au geste suicidaire, sans prétendre expliquer la décision unique d’un sujet face à un phénomène aussi complexe.

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INSERM (2005) Autopsie psychologique, outil de recherche en prévention

INSERM (2005) Autopsie psychologique, outil de recherche en prévention 

Définition de l’autopsie psychologique
Pour conduire des recherches dans le champ du suicide, plusieurs méthodes existent. Les principales se fondent sur des études épidémiologiques qui visent à identifier les facteurs de risque de suicide. D’autres méthodes reposent sur l’analyse de cas. Enfin, l’autopsie psychologique est quant à elle une méthode acceptée depuis les années 1960 pour l’approche des caractéristiques mentales et psychosociales des victimes de suicide (Robins et coll.,1959 ; Dorpat et Ripley, 1960 ; Litman, 1984, 1996 ; Brent et coll., 1988,1993). L’autopsie psychologique est un outil clinique et un outil de recherche susceptible d’éclaircir les circonstances d’un décès dans les cas de suicide, d’homicide ou de mort suspecte (figure 1.1). Dans notre analyse sur la méthodologie et son application, le propos portera spécifiquement sur les autopsies psychologiques dans les cas de suicide. L’autopsie psychologique se focalise sur les aspects psychologiques de la survenue du décès. Elle incorpore le champ de la suicidologie. Son objectif est de comprendre tant les circonstances que l’état d’esprit de la victime au moment de son acte. Ce type de méthode comprend une reconstruction du style de vie, des comportements et des événements vécus par l’individu. Ainsi, l’autopsie psychologique est une analyse rétrospective. Elle comprend  des dimensions spéculatives et probabilistes (Gelles, 1995). Néanmoins, cette méthode est la meilleure pour faire le lien entre la survenue d’événements et l’acte suicidaire et comprendre les comportements qui précèdent le passage à l’acte.

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OMS (2007) La prevention du suicide dans les établissements correctionnels

 OMS (2007) La prevention du suicide dans les établissements correctionnels

En tant que groupe, les détenus présentent des taux de suicide plus élevés que leurs homologues dans la société et certaines données indiquent que ces taux augmentent même là où les nombres de détenus diminuent . Non seulement constate-t-on plus de comportement suicidaires dans les établissements correctionnels, mais c’est tout au cours de leur vie que de nombreuses personnes ayant vécu l’incarcération présentent des pensées et des comportements suicidaires. De même, les détenus en attente de procès présentent un taux de tentative de suicide d’environ 7,5 fois (6 fois pour les détenus condamnés) celui des hommes hors de prison dans la population en général 10 . Ces données dénotent également un problème de base quant à la compréhension des causes du suicide en situation de détention : D’une part, les personnes qui enfreignent la loi présentent déjà beaucoup de facteurs de risque de comportement suicidaire avant l’incarcération (ils « importent » donc ensuite le risque suicidaire en prison) et leur taux de suicide est également plus élevé même après leur libération 11 . Ceci ne signifie pas que les services correctionnels n’ont pas de responsabilité quant au suicide des délinquants; au contraire, ces personnes vulnérables doivent être traitées pendant qu’elles sont à portée de la main, en prison. D’autre part, la détention est un événement stressant de plus, même pour des détenus non vulnérables, considérant que cet événement prive une personne de ressources importantes.

http://www.who.int/mental_health/resources/resource_jails_prisons_french.pdf

Si le lien est brisé: OMS (2007) La prevention du suicide dans les etablissements correctionnels

OMS (2002) Prevention suicide, indications pour le personnel penitentiaire

OMS (2002) Prevention suicide, indications pour le personnel pénitentiaire

Le suicide est la cause de mort la plus fréquente en milieu pénitentiaire. Les lieux de détention, maisons d’arrêt et prisons ont une responsabilité dans la protection sanitaire et la sécurité de leur population carcérale et en cas d’échec, des poursuites légales peuvent être entamées. Alimenté par l’intérêt que portent les médias à cette question, un suicide dans un lieu de détention peut aisément aboutir à une polémique politique. C’est pourquoi, la mise en place de programmes de prévention du suicide et d’intervention en cas de crise suicidaire est à la fois utile aux détenus et à l’institution pénitentiaire qui les organise. C’est dans ce contexte que, dans le monde entier, les établissements pénitentiaires luttent pour prévenir le suicide des détenus.

OMS (2002) Prevention suicide, indications pour le personnel penitentiaire

JL TERRA (2003) – Prévenir le suicide : repérer et agir

JL TERRA (2003) – Prévenir le suicide : repérer et agir (Haut Conseil de la Santé Publique)

Malgré de nombreux préjugés et la crainte que suscite le suicide, il apparaît maintenant possible de le prévenir. Identifier la crise suicidaire et en évaluer la dangerosité rendent possible l’action thérapeutique et permettent d’éviter le passage à l’acte suicidaire. Cela nécessite un réexamen des idées reçues, une information de tous et la formation des professionnels.

TERRA2003-Prevenir-le-suicide

dossier complet « la prévention du suicide » adsp n°45 décembre 2003

INPES (2010)- Tentatives de suicide et pensées suicidaires en France en 2010

INPES (2010)- Tentatives de suicide et pensées  suicidaires en France en 2010

Facteurs associés aux tentatives de suicide dans les 12 derniers mois
• Hommes :
– violences subies dans les 12 derniers mois (OR=5,1 [2,6-10,1])
– fait de vivre seul (OR=2,9 [1,5-5,8])
– revenu par UC > 1800 euros (OR=0,2 [0,1-0,7] par rapport à <1100 euros)
• Femmes :
– violences subies dans les 12 derniers mois (OR=2,7 [1,7-4,2])
– violences sexuelles au cours de la vie (OR=2,7 [1,7-4,3])
– tabagisme quotidien (OR=1,9 [1,2-3,0])
– diplôme >bac (OR=0,4 [0,2-1,0] par rapport aux sans diplôme)

INPES (2010)-Tentatives de suicide et pensees

Suicide et activité professionnelle en France (2010): premières exploitations de données disponibles

Suicide et activité professionnelle en France: premières exploitations de données disponibles

sante-au-travailLes liens entre les contraintes de travail et la santé ont été établis ces deux dernières décennies par les scientifiques au niveau international [Karasek, 1990 ; Siegrist, 2008 ; Netterstrom, 2008]. E n France , plusieurs indicateurs de clima t délétère dans les entreprises ou les secteurs d’activité ont été produits ces dernières années: il s’agit d’indicateurs permettant de quantifier principalement les déséquilibres ffort/récompense, la tension au travail (« job strain ») [Niedhammer, 2008a] et l’exposition aux violences physiques ou psychologiques [Niedhammer, 2006].
Leurs liens avec la santé cardiovasculaire [Kasl, 1996] et la santé mentale des travailleurs sont établis [Paterniti, 2002 ; Niedhammer, 2008b ; Cohidon, 2009] ; certaines conséquences sur les troubles musculo-squelettiques ont également été décrites [Deeney, 2009]. La survenue de suicides en lien avec le travail constitue quant à elle un indicateur d’alerte majeure. Sa quantification, bien que ne pouvant être considérée comme suffisante à la connaissance de la dégradation des conditions de travail devrait être intégrée au corpus de connaissances sur les risques professionnels.

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