La théorie interpersonnelle du suicide de Thomas Joiner

« Le comportement suicidaire est un problème majeur dans le monde entier et, en même temps, il a reçu relativement peu d’attention empirique.Ce manque relatif d’attention empirique peut être dû en partie à l’absence relative de développement théorique concernant le comportement suicidaire. Ce document présente la théorie interpersonnelle du comportement suicidaire. Nous proposons que la forme la plus dangereuse de désir suicidaire soit causée par la présence simultanée de deux construits interpersonnels – l’appartenance et le sentiment d’être un fardeau (et du désespoir lié à ces états) et, en outre, que la capacité de s’engager dans un comportement suicidaire est distincte du désir de s’engager dans un comportement suicidaire. Selon cette théorie, la capacité à adopter un comportement suicidaire émerge, par le biais de l’accoutumance et des processus d’opposition, en réponse  à une exposition répétée à des expériences physiquement douloureuses et/ou suscitant la peur. Dans le présent document, les hypothèses de la théorie sont définies plus précisément que dans les présentations précédentes (Joiner, 2005), dans le but d’inviter à la recherche scientifique et à  la réfutation potentielle des hypothèses de la théorie ».

Hypothèses de la théorie interpersonnelle du suicide
1 L’appartenance contrariée et la perception d’être un fardeau sont des causes proximales et suffisantes de l’idéation suicidaire passive.
2 La présence simultanée d’une appartenance contrariée et de la perception d’être un fardeau, lorsqu’ils sont perçus comme stables et immuables (c.-à-d. le désespoir à l’égard de ces états), est une cause proximale et suffisante de désir suicidaire actif.
3 La présence simultanée d’un désir suicidaire et d’une diminution de la peur de la mort est la condition dans laquelle le désir suicidaire se transforme en intention suicidaire. .
4 L’issue d’un comportement suicidaire grave (c’est-à-dire les tentatives de suicide mortelles ou presque mortelles) est plus susceptible de se produire dans le contexte suivant d’appartenance contrariée, de fardeau perçu (et de désespoir à l’égard de ces deux éléments), d’une peur réduite du suicide et d’une tolérance élevée à la douleur physique.

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Le modèle de risque du suicide de Thomas Joiner: la théorie interpersonnelle du suicide

Dans son livre « Why People Die by Suicide » (Pourquoi les gens meurent du suicide), Thomas Joiner (2006) met en avant plusieurs théories du suicide des deux siècles derniers. Sa théorie interpersonnelle et psychologique du suicide est très utile pour évaluer les risques au travail. Dans cette théorie, Joiner indique que les personnes qui se suicident n’ont pas seulement le désir de mourir mais elles ont également appris à dépasser leur instinct d’auto-préservation (voir l’image 1).

En d’autres termes, vouloir mourir, selon Joiner, est composé de deux éléments psychologiques: le sentiment d’être un poids pour les autres (perceived burdensomeness) et une déconnexion sociale de quelque chose de plus grand que soi (thwarted belongingness). Concernant le premier élément, l’accent est mis sur le terme « perception », car peu importe ce que le reste du monde voit, ce qui importe est comment la personne se voit elle-même. Souvent, la façon de penser est celle-ci: « Pour les gens qui m’aiment je serais mieux mort que vivant ». La personne suicidaire a souv

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ent perdu le sentiment d’avoir un but. Le second élément concerne le sentiment de connexion sociale. En temps qu’être humains nous sommes liés aux autres et lorsque ces liens sont rompus ou dissous, nous souffrons d’isolement.

Individuellement, chacun de ces deux éléments, n’est pas suffisant pour pousser la personne à l’acte suicidaire, mais ensemble avec une possibilité (ou de l’intrépidité), ils entraînent la personne dans un état de risque élevé de suicide. Depuis leur naissance, les êtres humains ont un fort instinct pour préserver leur propre vie. Joiner soutient qu’une série d’expériences douloureuses et difficiles au cours de la vie peut « immuniser » une personne contre la peur de la douleur et de la mort associée au suicide. Ces expériences peuvent être liées à des traumatismes et des abus, mais peuvent aussi comprendre des comportements à risque, des blessures dues au sport, ou une connaissance et une aisance avec les moyens mortels pour se suicider (ex: armes à feu, drogues mortelles). Cela explique pourquoi une précédente tentative de suicide est le meilleur indicateur d’une future tentative. Cependant, concernant les capacités du modèle, avoir vécu des expériences douloureuses et choquantes ou un attrait pour les comportements défiants la mort ne prédit pas en soi un suicide. Le risque est élevé quand les deux facteurs se croisent – quand un désir de se suicider rencontre la possibilité de le faire..

 

voir sur: https://www.constructionworkingminds.org/french-suicide-risk-model

EM: qu’est-ce qui ne fonctionne pas avec la persuasion ? (avec William Miller) (VOST)

Quelles peuvent être les conséquences d’essayer de convaincre un patient de changer son point de vue avec nos explications, ou encore de modifier son comportement en suivant nos recommandations ? En tant que professionnel, notre motivation à aider l’autre est altruiste. Malheureusement, dans notre désir de faire le bien, nous allons naturellement être amenés à formuler nous-mêmes les arguments au changement. Mais cela selon nos propres représentations ! Le désir de vouloir aider l’autre, nous pousse souvent à être trop directifs. Ce type de discussion diminue l’autonomie du patient. Sa réaction naturelle va être de contre-argumenter en renforçant les arguments du non-changement. « Si vous voulez ne plus avoir mal aux genoux, il faut que vous ré-entraînez vos muscles en utilisant les escaliers plutôt que l’escalator, en descendant une station de bus plus tôt, en faisant une activité physique quotidienne etc. » « Cela me demanderait trop de temps, je risquerais d’être en retard au travail. Et j’arriverais déjà épuisé » Ce désir de réparer ce qui nous semble ne pas fonctionner en imposant une solution s’appelle le réflexe-correcteur. Dans la pratique de l’EM, ce réflexe contre-productif est à éviter.

 

Addiction: la difference entre le plaisir (liking) et l’envie (wanting) et ses implications

Pendant de nombreuses années, les psychologues et les neuroscientifiques ont supposé qu’il n’y avait pas de différence réelle entre le fait d’aimer quelque chose et le fait de le vouloir. « Aimer » (liking) et « vouloir » (wanting) semblent être deux mots qui décrivent le même phénomène. Lorsque j’ai envie d’une tasse de café le matin, c’est bien parce que j’aime le café ?

À cette hypothèse, selon laquelle vouloir équivaut à aimer, s’en ajoute une autre. On croyait généralement qu’il existait dans le cerveau un système impliquant la dopamine, qui déterminait à la fois l’envie et le plaisir. Qui plus est, il semblait y avoir des preuves irréfutables que la dopamine était essentielle au plaisir. Les rats, comme les humains, adorent les aliments sucrés, mais lorsque la dopamine est retirée de leur cerveau et que des substances sucrées sont placées dans leur cage, ils cessent de rechercher ces aliments. En supprimant la dopamine, pensait-on, on supprime le plaisir.

Mais était-ce exact ? Kent Berridge a trouvé une autre façon d’étudier le lien entre la dopamine et le plaisir. Après avoir éliminé la dopamine du cerveau des rats, il leur a donné une substance sucrée. « À notre grande surprise, les rats ont continué à aimer le goût normalement. Le plaisir était toujours là ! Lors d’une autre expérience menée dans son laboratoire, les niveaux de dopamine ont été augmentés chez les rats, ce qui a entraîné une augmentation considérable de la consommation de nourriture, mais pas d’augmentation apparente du plaisir.
Vous vous demandez peut-être comment un scientifique en blouse de laboratoire peut savoir si un rongeur s’amuse. La réponse est que les rats ont des expressions faciales semblables à celles des humains. Lorsqu’ils mangent une substance sucrée, ils se lèchent les lèvres ; lorsqu’il s’agit d’une substance amère, ils ouvrent la bouche et secouent la tête.

Que se passe-t-il alors ? Pourquoi les rats continuent-ils à aimer un aliment dont ils ne semblent plus vouloir ?

Kent Berridge avait une hypothèse, mais elle était tellement farfelue que même lui n’y croyait pas vraiment, du moins pas avant longtemps. Était-il possible que le fait de vouloir une chose et de l’aimer corresponde à des systèmes distincts dans le cerveau ? Et était-il possible que la dopamine n’affecte pas l’envie – tout est dans l’envie ?
Pendant de nombreuses années, la communauté scientifique est restée sceptique. Aujourd’hui, la théorie est largement acceptée. La dopamine augmente la tentation. Lorsque je descends le matin et que je vois ma machine à café, c’est la dopamine qui me pousse à en préparer une tasse. La dopamine intensifie la tentation de manger si l’on a faim, et donne au fumeur l’envie de fumer.

La preuve la plus surprenante que le système dopaminergique déclenche l’envie, et non le plaisir, vient une fois de plus du malheureux rat de laboratoire. Lors d’une expérience, Kent Berridge a fixé à la cage du rat un petit bâton métallique qui, lorsqu’il était touché, provoquait une légère décharge électrique. Un rat normal apprend, après un ou deux contacts, à ne pas s’approcher du bâton. Mais en activant le système dopaminergique du rat, Berridge a réussi à faire en sorte que le rongeur soit absorbé par le bâton. Il s’en approchait, le reniflait, le mordait, le touchait avec sa patte ou son nez. Et même après avoir reçu le petit choc, il revenait à chaque fois dans un laps de temps de cinq ou dix minutes, avant que l’expérience ne soit interrompue.

Cela explique peut-être mes habitudes de consommation de café. Je veux et j’aime ma tasse de café du matin. Mais la tasse de café de l’après-midi – que je ne peux pas m’empêcher de préparer – a un goût amer et désagréable. J’en ai envie, mais je ne l’aime pas.

Il n’est pas exagéré de dire que Kent Berridge a transformé la compréhension scientifique du désir et de la motivation humaine.

Il affirme que le désir est plus fondamental que le goût. En fin de compte, il importe peu, pour la préservation de nos gènes, que nous aimions le sexe ou la nourriture. Il est bien plus important de savoir si nous voulons avoir des relations sexuelles et si nous recherchons de la nourriture.

L’EM et l’addiction (avec Willliam Miller) (VOST)

L’entretien motivationnel a été développé initialement dans l’addiction à l’alcool, et a également solidement confirmé son efficacité dans plusieurs domaines : l’utilisation du préservatif et l’observance médicamenteuse chez les patients atteints du VIH, le tabagisme, l’abus de substance, les règles hygiéno-diététiques … Proposé par William Miller en 1983, et inspiré de l’approche centrée sur la personne, de Carl Rogers, l’entretien motivationnel (EM) est un style empathique de relation au patient qui doit aider ce dernier à prendre conscience de la contradiction entre le but qu’il recherche et son comportement actuel : l’exemple typique est celui d’un sujet toxicodépendant qui souhaite recouvrer son autonomie, tout en observant mal son traitement. Le patient doit ensuite renforcer son sentiment d’efficacité personnelle, et prendre lui-même la décision de jouer le jeu en suivant la prescription du soignant. Dans une méta-analyse, E. Carruzzo et ses collaborateurs de l’université de Lausanne soulignent que plusieurs études contrôlées indiquent une efficacité de l’EM. Mais pourquoi ? Parce que, estiment ces auteurs, de nombreux travaux suggèrent que la qualité de la relation patient / thérapeute est plus importante que l’efficacité présumée de la technique thérapeutique utilisée.

Or, en instaurant un partenariat entre les deux protagonistes, l’EM renforcerait les qualités interpersonnelles du soignant par la « mise entre parenthèses » de deux attitudes : premièrement, le thérapeute renoncerait à son rôle d’expert délivrant des solutions sur la base de ses connaissances, et s’adapterait mieux au cas précis du patient. Deuxièmement, il suspendrait son « souci du diagnostic » et ne chercherait pas à étiqueter son patient, ce qui semble essentiel pour les personnes toxicodépendantes « qui ont une faible reconnaissance de leur problème ». Ces éléments favoriseraient l’engagement du patient dans la prise en charge. En dehors des troubles liés à la dépendance, l’EM est également utilisé pour les troubles du comportement alimentaire, l’observance aux traitements médicamenteux ou la réduction des comportements à risque liés au VIH, rappellent les auteurs. E. Carruzzo et al. (2009).

L’entretien motivationnel, une nouvelle « panacée » dans la prise en charge de patients toxicodépendants ? Une revue de littérature. Pratiques psychologiques, 15 (4)

L’EM pour traiter l’addiction (avec William Miller) (VOST)

Le « motivational interviewing », ou entretien motivationnel, est une approche « evidence based » reposant sur « le traitement centré sur le sujet » qui s’efforce de surmonter les difficultés qui empêchent bon nombre de gens d’apporter des changements productifs dans leur vie. Il repose sur l’idée que les gens ont en eux le potentiel de changer, beaucoup de changements se produisent d’ailleurs sans aide extérieure. L’entretien motivationnel n’est certes pas une formule miracle permettant de résoudre une fois pour toutes les problèmes de l’addiction.

C’est cependant une méthode efficace, démontrée, qui permet un changement d’attitude chez la personne en la rendant acteur du changement, ne subissant plus autant son mal, et chez l’intervenant en le débarrassant de son sentiment d’impuissance, source de déception et d’épuisement professionnels. Il s’agit bien plus que de prendre beaucoup de temps en plus, de développer une autre atmosphère, faisant de la rencontre une chance plutôt qu’un rendez-vous raté. Cette façon de se comporter ne s’adresse pas qu’aux problèmes de dépendance. Le champ d’application s’étend particulièrement aux affections chroniques, psychiques et médicales et le champ de la justice.

L’Entretien motivationnel et les addictions

L’Entretien Motivationnel (EM) sert à inciter les patients à mettre en place les changements que demande la Prévention de la Rechute. Face à l’ambivalence qui peut être présente à tout moment, les techniques de l’EM permettent d’éviter de « prendre parti », ce qui pourrait renforcer le patient dans ses résistances. Il est important que le thérapeute ne suive pas son propre raisonnement mais suive le patient sur son chemin propre, dans l’idée du rétablissement qui sera le sien.

Selon Rollnick et al. (2018), la motivation est la probabilité qu’un individu fasse, maintienne et adhère à un changement spécifique. Les trois composantes majeures pouvant définir la motivation sont l’importance accordée au changement (« j’ai envie de changer »), la confiance dans la capacité à changer (« je suis capable ») et la disposition au changement (« je suis prêt »). Ce sont ces trois composantes que l’on va travailler avec l’EM. Cela permettra de maximiser les probabilités de changement. Dans le cadre de la Prévention de la Rechute, l’EM est utilisé pour entretenir la motivation. On va la renforcer en s’appuyant sur le discours changement du patient. Une des premières étapes va être de repérer le discours-changement chez le patient…

FRANCE CULTURE (2018) Un parcours désistant saisissant: l’histoire de Gilles Bertin & les années punk, drogue and Brink’s

Gilles Bertin, une vie en sursis (1/2)

Les années punk, drogue and Brink’s

Eté 1981, trois jeunes bordelais créent un groupe de musique qui rivalise avec Noir Désir. Gilles Bertin est le chanteur et parolier du groupe, son parcours ne sera pas que musical.Nantes, Barcelone… Gilles Bertin multiplie les braquages pour fuir la drogue mais garder son adrénaline. Jusqu’au coup ultime : l’attaque du dépôt de la Brink’s de Toulouse le 27 avril 1988.

https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/18722-05.01.2019-ITEMA_21941926-2.mp3

Gilles Bertin, une vie en sursis (2/2)

La cavale de Didier Ballet

L’incroyable cavale du braqueur punk. Une cavale ouverte le 27 avril 1988, où le chanteur emporta une partie du butin estimé à près de deux millions d’euros.

2nd épisode : Brink’s not dead…

Le 16 novembre 2016, Gilles Bertin traverse à pied la frontière franco-espagnole pour se rendre à Toulouse, vingt-huit ans après l’attaque de la Brink’s de Toulouse. Seul son avocat Christian Etelin est au courant de sa reddition. Après avoir monté un magasin de disques au Portugal, tenu un bar à Barcelone et survécu au Sida, l’ex-punk, fatigué de se cacher sous l’identité de Didier Ballet, ne veut plus vivre dans le mensonge et remet son destin, à 57 ans, entre les mains de la justice française…

https://media.radiofrance-podcast.net/podcast09/16408-06.01.2019-ITEMA_21942730-0.mp3

FEDERAL PROBATION JOURNAL (2022) L’usage et l’abus de substances chez les personnes sous main de justice : Directives pour la pratique des agents de probation

Scott T. Walters, PhD en psychologie clinique, est professeur de santé comportementale et communautaire à l’école de santé publique du centre des sciences de la santé de l’université du Texas du Nord. Ses recherches portent sur l’utilisation de l’entretien motivationnel et d’autres interventions brèves pour aider les gens à modifier leur consommation de substances psychoactives et d’autres comportements problématiques.

Le Dr Walters, qui a publié de nombreux ouvrages, a été consultant pour plusieurs agences ; il intervient fréquemment devant des groupes universitaires, communautaires et médicaux ; il a reçu des prix nationaux et internationaux pour son travail d’intégration de la recherche et de la pratique.

Extrait:

Que doit savoir le personnel de probation sur l’usage et le mésusage de substances psychoactives?

Un trouble lié à l’usage de substances (TUS) est un mode de consommation d’alcool ou de drogues qui entraîne des déficiences ou des problèmes importants. Bien entendu, toutes les personnes qui consomment des substances ne développent pas forcément un trouble lié à l’usage de substances. Le nombre de personnes qui consomment une substance et qui développent ensuite un TUS est appelé « dépendance conditionnelle ». En moyenne, environ 12 % des personnes qui consomment une substance au moins une fois développeront un TUS, certaines substances (par exemple, l’alcool, la marijuana) ayant des taux de dépendance conditionnelle plus faibles, et d’autres substances (par exemple, la cocaïne, l’héroïne) ayant des taux un peu plus élevés (Lopez-Quintero et al., 2011). L’héroïne et la cocaïne semblent également avoir la progression la plus rapide de la consommation initiale vers un TUS (0-4 mois), tandis que le cannabis et l’alcool prennent souvent plus de temps pour évoluer vers un TUS (1-6 ans et 3-15 ans, respectivement) (Lopez-Quintero et al., 2011). Comme la consommation de substances elle-même, les TUS peuvent aller d’un TUS relativement bénin qui peut être traité par de brefs conseils à un TUS très grave qui peut nécessiter de recourir à des services d’hospitalisation intensifs. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est important d’utiliser un outil de dépistage fondé sur des données probantes qui mesure l’usage récent de substances, plutôt que de se fier à des évaluations du risque/besoin criminogène qui mesurent des comportements plus généraux ou un usage de substances qui s’est produit il y a longtemps.

Les TUS sont plus fréquents chez les hommes, les jeunes, les personnes à faible revenu, les chômeurs, les personnes qui ont commencé à consommer des substances à un âge précoce et qui souffrent de certains troubles mentaux (Chen, O’Brien et Anthony, 2005). Dans une enquête nationale, environ 20% des hommes en probation souffraient de troubles liés à la consommation de drogues, 30 % de troubles liés à la consommation d’alcool et 40 % d’un quelconque TUS (données de  la Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2014). Dans une autre enquête, environ la moitié des hommes en probation avaient besoin d’un traitement l’addiction, mais seulement un quart d’entre eux ont effectivement reçu un traitement au cours d’une année donnée (K. E. Moore et al., 2019 ; Perry et al., 2015).

Que doit savoir le personnel de probation sur la consommation et l’abus de substances dans le système judiciaire pénal?

Les personnes qui consomment des substances sont beaucoup plus susceptibles d’avoir affaire à la justice (Dellazizzo et al., 2020 ; Hayhurst et al., 2017 ; T. M. Moore et al., 2008 ; Yukhnenko, Blackwood, & Fazel, 2020). Par exemple, près de 40 % des détenus fédéraux et d’État ont déclaré avoir consommé des drogues et 30 % avoir bu de l’alcool au moment de leur infraction (Maruschak, Bronson, & Alper, 2021), et près de la moitié d’entre eux avaient un trouble lié à l’utilisation de substances au cours des 12 mois précédant leur incarcération. La consommation de substances psychoactives est également le principal facteur de risque modifiable de récidive, suivi par les pairs antisociaux, les besoins en matière de santé mentale et les problèmes d’emploi (Yukhnenko et al., 2020). Plusieurs raisons expliquent le lien étroit entre la consommation de substances et la criminalité : les personnes sont plus susceptibles de commettre des crimes lorsqu’elles sont sous influence (p. ex. crimes violents, conduite en état d’ébriété) ; les personnes commettent souvent des crimes lorsqu’elles tentent d’obtenir des substances (p. ex. vols, crimes financiers) ; et les personnes peuvent acheter, vendre ou posséder directement des substances illégales (p. ex. possession, distribution). Lorsqu’elles sont sous surveillance, les personnes qui consomment des substances peuvent avoir plus de mal à respecter leurs obligations professionnelles ou familiales, ou à satisfaire à d’autres exigences.

Points clés à retenir

  1. La consommation de substances psychoactives est fréquente dans le système de justice pénale et est étroitement liée à la criminalité et à la récidive.
  2. Votre agence doit dépister correctement l’usage de substances psychoactives et orienter vers un traitement approprié.
  3. Les traitements fondés sur des données probantes comprennent l’entretien motivationnel, le traitement cognitif et comportemental, la gestion des contingences et, le cas échéant, le traitement médicamenteux.
  4. Vous devez vous concentrer sur les raisons internes, orientées vers l’avenir, qui poussent les personnes à terminer leur probation, afin de faciliter un changement à long terme.
  5. Vous devez utiliser des stratégies motivationnelles et cognitivo-comportementales pour soutenir les concepts de traitement fondés sur des preuves.
  6. Vos interactions avec un probationnaire ouvrent la voie à une bonne relation de travail et à un changement positif.

L’usage et l’abus de substances chez les personnes sous main de justice_ Directives pour la pratique des agents de probation

Article original (ENG): https://www.uscourts.gov/sites/default/files/86_1_2_0.pdf

Les bases de la thérapie dialectique comportementale

La thérapie comportementale dialectique (TCD), développée par Marsha Linehan (1993), est un traitement très prometteur qui a révolutionné la prise en charge des troubles de la personnalité borderline, des pensées suicidaires et des psychotraumatismes.

La TCD a été utilisé très efficacement pour aider les personnes qui ont des difficultés à gérer leurs émotions et à nouer des relations étroites, et avec les personnes qui pensent à se faire du mal. La thérapie comportementale dialectique met l’accent sur les émotions – en particulier la façon dont nous apprenons à gérer les sentiments difficiles. Si vous vous êtes déjà trouvé émotions difficiles, et si ces émotions interfèrent avec vos relations, la TCD peut être très utile. Elle repose sur les hypothèses suivantes :

  • Si vos réactions émotionnelles ne sont pas prises en compte (par ceux qui ont pris soin de vous) lorsque vous êtes jeune, vous aurez peut-être des difficultés à identifier, étiqueter et gérer vos émotions à l’âge adulte.
  • Lorsque vous avez du mal à gérer vos émotions, cela se répercute sur vos relations avec les autres.
  • Nous augmentons souvent notre niveau de détresse en pensant à ce qui s’est déjà produit et à ce qui pourrait se produire dans le futur
  • La pleine conscience, qui est un ensemble de techniques permettant de revenir au moment présent, peut vous aider à gérer les émotions et les pensées pénibles.
  • Il est parfois efficace d’essayer de changer les émotions négatives, et parfois d’accepter ces émotions difficiles. Vous pouvez développer des compétences pour vous aider à décider de l’approche à adopter dans diverses situations.

Le traitement par la thérapie comportementale dialectique a été développé à l’origine pour traiter les troubles de la personnalité limite. Les personnes chez qui l’on diagnostique un trouble de la personnalité limite ont souvent des difficultés relationnelles et ont souvent des antécédents de pensées et d’actions suicidaires. Au cours des dernières années, la TCD a été utilisée pour aborder une variété de conditions, y compris le PTSD (Becker et Zayfert 2001).

Ce mode de thérapie comporte plusieurs aspects :

  • la pleine conscience,
  • l’efficacité interpersonnelle,
  • la régulation des émotions
  • et la tolérance à la détresse.

pour en savoir plus: http://depts.washington.edu/uwbrtc/resources/treatment-resources/

Videos en français sur les compétences enseignées dans la TCD: https://www.youtube.com/playlist?list=PLVlLbxLe1Eo7TlxEvhebgfdMVHzgiSts-